Le Japon a jugé samedi "extrêmement regrettable" l'inscription, sur le Registre de la mémoire du monde de l'Unesco, de documents relatifs au massacre de Nankin. Tokyo appelle à une réforme générale de ce registre, qu'il accuse d'être utilisé à des fins politiques. Les documents relatifs au massacre de Nankin, une vague d'atrocités commise par l'armée impériale japonaise en 1937 en Chine, sont désormais inscrits sur le Registre de la mémoire du monde de l'Unesco, avait annoncé vendredi l'organisation onusienne.
"Déclarations unilatérales de la Chine". "Il est extrêmement regrettable qu'une organisation internationale qui devrait être neutre et juste fasse entrer ces documents dans le Registre de la mémoire du monde, malgré les appels répétés du gouvernement japonais", a déclaré le ministère japonais des Affaires étrangères dans un communiqué. "En tant que membre responsable de l'Unesco, le gouvernement japonais va demander une réforme de ce projet important pour qu'il ne soit pas utilisé à des fins politiques", poursuit le ministère. "La demande d'inscription a été faite sur la base de déclarations unilatérales de la Chine et le Japon considère que ces documents sont incomplets et présentent des problèmes d'authenticité", affirme le communiqué.
La décision, au terme d'un processus qui a duré deux ans, a été prise lors d'une réunion d'un comité consultatif international de l'Unesco, chargé d'examiner des propositions d'inscription au patrimoine documentaire de l'humanité émanant de 40 pays.
First national memorial day of the Nanking massacre; Even being used as a political tool, still the right thing to do pic.twitter.com/ia8xCWkOzz
— Song Huang (@dr_guangtou) 12 Décembre 2014
Une querelle récurrente. Le massacre de Nankin, comme les autres exactions perpétrées par les militaires nippons en Asie continentale avant et pendant la Seconde guerre mondiale, est l'objet de tensions récurrentes entre Pékin et Tokyo. La prise de Nankin, alors capitale de la République de Chine, avait donné lieu en décembre 1937 à une vague de meurtres, viols et pillages par les troupes japonaises. La Chine chiffre à 300.000 le nombre des morts imputables aux militaires nippons durant les six semaines qui ont suivi leur entrée dans la ville. Un nombre affiché partout dans le mémorial consacré à la tuerie, où sont notamment exposés les ossements de victimes.
Mais selon des universitaires étrangers, le nombre de victimes serait moins élevé. Les autorités chinoises accusent le Japon de refuser d'accomplir un travail de mémoire douloureux sur les atrocités commises par son armée. Au printemps, l'approbation par Tokyo de nouveaux manuels scolaires japonais évitant notamment le mot "massacre" pour décrire les tueries de Nankin avait suscité la colère de Pékin.