La Cour pénale internationale (CPI) doit rendre mardi un jugement historique contre un djihadiste malien ayant reconnu avoir détruit des mausolées protégés à Tombouctou, une décision très attendue par une population ayant soif de justice et par des ONG qui rêvent d'un verdict "dissuasif". Les experts et les Nations unies espèrent en effet que le jugement, qui doit être lu à 11h30, "mettra fin à l'impunité" pour la destruction de biens culturels, alors que de nombreux sites sont régulièrement détruits en Irak ou en Syrie.
Neuf mausolées et une mosquée. Des dunes du Sahara à celles de la mer du Nord, au pied desquelles se dresse la CPI, le Touareg Ahmad Al Faqi Al Mahdi est accusé de crime de guerre pour avoir "dirigé intentionnellement des attaques" contre neuf des mausolées de Tombouctou dans le nord du Mali et contre la porte de la mosquée Sidi Yahia en 2012.
Il plaide coupable. Après avoir plaidé coupable à l'ouverture de son procès, cet homme aux petites lunettes avait demandé pardon à son peuple, assurant être "plein de remords et de regrets". Disant avoir été à l'époque "sous l'emprise" de groupes djihadistes, il avait appelé les musulmans du monde entier à résister "à ce genre d'actions". Il faut que ce procès "puisse signifier à tous qu'au même titre qu'on ne peut pas tuer impunément un être humain, on ne peut pas détruire impunément un sanctuaire du patrimoine mondial", a ainsi affirmé El-Boukhari Ben Essayouti, expert culturel ayant participé à la réhabilitation des sites.
Aussi des crimes contre l'humanité. En tant que chef de la Hisbah, la brigade islamique des mœurs d'Ansar Dine, Ahmad Al Faqi Al Mahdi aurait ordonné et participé aux attaques contre les mausolées, détruits à coups de pioche, de houe et de burin. Cette brigade est accusée par des organisations des droits de l'Homme de s'être livrée à des crimes contre l'humanité, incluant des crimes de torture, des viols et la mise en esclavage sexuel de femmes de Tombouctou. Au début du procès, ces organisations ont regretté que les charges contre Al Madhi ne soient pas élargies pour inclure ces crimes.