Un tribunal saoudien a annulé lundi, dans un verdict final, les cinq peines capitales prononcées pour le meurtre du journaliste critique du pouvoir Jamal Khashoggi. En décembre dernier, la justice saoudienne avait condamné à mort cinq personnes, ce jugement remplace donc leurs peines par de la prison. Le nouveau jugement condamne huit des 11 accusés à des peines allant de sept à 20 ans de prison.
Un nouveau jugement qui met "fin" à l'affaire
"Cinq prévenus ont été condamnés à 20 ans de prison et trois autres à des peines allant de 7 à 10 ans", a indiqué l'agence officielle SPA, citant les services du procureur général. Les personnes condamnées lundi n'ont pas été identifiées. Les services du procureur général ont en revanche tenu à souligner que ce nouveau jugement mettait "fin" à l'affaire du meurtre de Jamal Khashoggi, marquant la volonté de Ryad de tourner définitivement la page.
La justice turque a pour sa part commencé début juillet à juger par contumace 20 Saoudiens, dont deux proches du prince héritier, l'ex-conseiller Saoud al-Qahtani et l'ancien numéro deux du renseignement, le général Ahmed al-Assiri, identifiés comme les commanditaires du meurtre. Le premier a fait l'objet d'une enquête en Arabie saoudite mais n'a pas été inculpé "en raison de preuves insuffisantes" et le second, mis en accusation, a été acquitté pour les mêmes motifs, selon le parquet saoudien. Toutefois, les deux hommes ont été officiellement évincés du cercle politique du prince hériter, Mohammed Ben Salmane. Le procureur saoudien a innocenté le prince héritier qui a accepté la responsabilité du meurtre, parce qu'il s'est produit "sous son règne" tout en niant en avoir eu connaissance auparavant.
"La communauté internationale n'acceptera pas cette farce"
La fiancée turque de Jamal Khashoggi, Hatice Cengiz, avait espéré que le procès instruit en Turquie permettrait de "faire la lumière" sur plusieurs zones d'ombre qui demeurent, notamment en ce qui concerne les restes de l'ancien journaliste. Sur Twitter, elle a accusé Ryad de clore ce dossier sans que l'identité de réels commanditaires du meurtre ne soit connue. "La communauté internationale n'acceptera pas cette farce", a tweeté la fiancée, Hatice Cengiz. "Les autorités saoudiennes ont clos ce dossier sans que le monde sache la vérité sur qui est responsable du meurtre de Jamal". En mai dernier, les fils du journalistes ont annoncé "avoir pardonné" ses tueurs. Selon le Washington Post, ils avaient reçu auparavant des biens de haute valeur comme indemnisation.
L'experte de l'ONU ayant enquêté sur l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi à Istanbul a affirmé lundi que les verdicts saoudiens dans cette affaire n'ont aucune "légitimité juridique ou morale", tout en saluant l'annulation des peines capitales. "Le procureur saoudien a joué un nouvel acte dans cette parodie de justice", a affirmé dans un tweet la rapporteur spéciale de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, Agnès Callamard, dont l'avis n'engage pas l'ONU. Ces verdicts "ont été rendus au terme d'un processus qui n'était ni équitable, ni juste, ni transparent", a-t-elle affirmé.