L'Europe ne "cèdera pas au chantage" migratoire exercé par la Turquie et ses frontières resteront "fermées" aux migrants envoyés par ce pays, a assuré mercredi le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.
"Nous ferons en sorte que les frontières restent fermées"
"Je voudrais relever que la pression migratoire qui est aujourd'hui aux portes de l'Europe - de la Grèce, un peu de la Bulgarie, un peu de Chypre - est organisée par le régime du président Recep Tayyip Erdogan pour constituer un élément de chantage à l'égard de l'Union européenne", a-t-il lancé lors d'une séance de questions au gouvernement au Sénat. "L'Union européenne ne cèdera pas à ce chantage (...) Les frontières de la Grèce et de l'espace Schengen sont fermées et nous ferons en sorte qu'elles restent fermées, que les choses soient claires !", a ajouté le ministre français des Affaires étrangères.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé mercredi qu'une résolution de la crise migratoire passait par un soutien européen à Ankara en Syrie, au moment où de nouveaux heurts ont éclaté entre réfugiés et policiers à la frontière grecque. Outre les 3,6 millions de réfugiés syriens présents en Turquie, près d'un million d'entre eux, fuyant l'offensive du président Bachar al-Assad et de son allié russe à Idleb dans le Nord-Ouest de la Syrie, se pressent le long de la frontière turque côté syrien.
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"On va vers un véritable cataclysme"
"La crise que connaît actuellement le Nord de la Syrie est dramatique, on va vers un véritable cataclysme", a estimé Jean-Yves Le Drian, en pointant la responsabilité du régime de Damas dans cette situation, constitutive de possibles "crimes de guerre". "Dans cette zone sur les trois millions d'habitants, vous avez 1,5 million de réfugiés qui ne passeront pas en Turquie puisque la frontière là est vraiment fermée et qui sont dans un état de dénuement, de détresse considérable", a-t-il dit.
"Ils remontent vers la frontière turque. Beaucoup d'habitants sont pour la deuxième fois réfugiés et déplacés avec le froid, la faim, les épidémies, la recrudescence des violences contre les femmes et les filles", a-t-il ajouté. "A tel point que le secrétaire général des Nations-unies a demandé qu'une enquête soit faite pour condamner les frappes aériennes délibérées sur des objectifs civils que sont les hôpitaux ou les écoles et que cela pourrait constituer, si c'est suffisamment documenté, ce à quoi nous allons nous atteler (...) des crimes de guerre", a-t-il dit.