L’un chaque souvent par son ton sans détour et souvent polémique, l’autre lui oppose une façade plus lisse et des talents de communicant. En élisant Donald Trump au terme d'une longue nuit de suspense, les Américains ont aussi désigné le très conservateurs Mike Pence comme vice-président des Etats-Unis. Et lorsqu'ils pousseront les portes de la Maison-Blanche en janvier prochain, son numéro 2 apportera surtout au milliardaire novice en politique une précieuse expérience des coulisses de Washington.
"Chrétien, un conservateur et un républicain". Sourire discret, chevelure blanche soigneusement coiffée, Mike Pence se décrit comme un "chrétien, un conservateur et un républicain... dans cet ordre". Gouverneur depuis 2013 de l'Indiana, Etat du nord des Etats-Unis, il s'y était illustré comme un héraut des valeurs familiales traditionnelles, anti-avortement, anti-mariage pour tous, et récemment hostile à l'installation de réfugiés syriens dans son Etat.
"Le choix le plus extrême de cette génération", avait immédiatement dénoncé Hillary Clinton à l'annonce du colistier de Donald Trump dans la course à la Maison-Blanche, en juillet 2016, affirmant que l'homme "divisait profondément". Depuis, Mike Pence, 57 ans, est resté fidèle à sa courtoisie coutumière, se tenant dans l'ombre de la personnalité tonitruante de Donald Trump et n'hésitant pas à botter en touche pour éviter de défendre les positions les plus controversées du milliardaire.
Bon connaisseur des arcanes du pouvoir... et des Républicains. Avocat de formation, ancien animateur de radio, il connaît bien les arcanes de Washington et y est apprécié des républicains après avoir été membre de la Chambre des représentants de 2001 à 2013 et président de la conférence républicaine (numéro 3 du parti) de 2009 à 2011. Le speaker de la Chambre Paul Ryan, qui n'avait apporté son soutien à Donald Trump qu'après des atermoiements publics, a décrit Mike Pence comme un "très bon ami". Grâce à ces bonnes relations, il pourrait désormais aider à panser les profondes plaies du parti, divisé après le choc de la candidature, puis de la victoire de Donald Trump.
Le favori des enfants Trump. Mike Pence et Donald Trump n'étaient au départ pas particulièrement proches. Le gouverneur avait d'abord soutenu le conservateur Ted Cruz, l'un des plus sérieux opposants du milliardaire dans la campagne des primaires républicaines. Et il a parfois rejeté avec conviction les vues de Donald Trump, dénonçant notamment comme "insultante et inconstitutionnelle" son idée d'interdire l'entrée des musulmans aux Etats-Unis, pour lutter contre le terrorisme.
Mais Mike Pence était apparemment le favori des enfants Trump, très influents dans la campagne de leur père, face aux fortes personnalités plus imprévisibles du gouverneur du New Jersey Chris Christie et de l'ancien speaker de la Chambre des représentants Newt Gingrich. Le milliardaire était allé le rencontrer plusieurs fois juste avant de le choisir comme colistier, ses enfants et son gendre se fendant aussi d'un voyage dans l'Indiana pour le voir.
Crucial auprès des conservateurs et dans la "Rust Belt". En tant que gouverneur, Mike Pence a signé des lois rendant plus difficile l'avortement dans l'Indiana. Et il avait été très critiqué pour avoir défendu en 2015 une loi sur la "liberté religieuse", vue par ses détracteurs comme une façon de discriminer la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres). Des positions qui ont pu aider Donald Trump auprès des conservateurs traditionnels et notamment les évangéliques, au départ réticents face à la personnalité de l'imprévisible milliardaire.
Mike Pence a également pu jouer un rôle dans les victoires de Donald Trump dans la "Rust Belt", région industrielle du nord-est en déclin, dont font partis l'Indiana et surtout l'Ohio voisin, une prise décisive sur la route du milliardaire vers la Maison Blanche. "Merci à l'Indiana d'avoir fait de notre Etat le premier à voter afin de Rendre à l'Amérique sa grandeur!", s'était réjoui Mike Pence après l'annonce des premiers résultats de la soirée électorat, en citant le désormais célèbre slogan de campagne du prochain président des Etats-Unis.