Au micro de Sonia Mabrouk, Jean-François Colosimo, historien et spécialiste de la Russie, a livré son analyse sur le missile "très probablement de fabrication russe" mais d'origine incertaine qui a touché le sol polonais et a tué deux personnes. Selon le spécialiste, le missile serait un "dégât collatéral" non intentionnel. "Si Vladimir Poutine avait voulu étendre le conflit, il n'aurait pas procédé en prenant pour cible un tracteur et deux pauvres paysans qui ont trouvé la mort dans ce dégât manifestement collatéral", explique-t-il.
D'après Jean-François Colosimo, du côté ukrainien, "ils n'avaient aucun intérêt à étendre le conflit" également. Néanmoins, pour l'historien, le président ukrainien est dans son rôle : "Ça fait huit mois qu'il essaie de nous expliquer que ce conflit concerne toute l'Europe", ajoute-t-il.
"C'est le syndrome 'nous avions raison, nous l'avions dit'", poursuit le spécialiste.
Un changement de stratégie
L'historien analyse également un changement de stratégie dans "les pays Baltes, en Hongrie, en Pologne" depuis le début de la guerre en Ukraine. "On voit que la Hongrie se rapproche de la Pologne, alors que ça n'allait plus du tout entre les deux pays parce qu'effectivement c'était le différentiel russe. Mais là, les positions de 1989 sont reprises. Au moment de la dislocation du bloc de l'Est, ces pays sont entrés dans l'Europe pour entrer dans l'OTAN afin d'avoir une forme de sécurité face à cette Russie qui a été pour eux l'Union soviétique et avant cela l'empire tsariste".
Ils attendaient alors une sécurité de la part des Américains, rapporte Jean-François Colosimo. Ce moment marque le début d'un "malentendu originel" entre les pays du bloc de l'Est et l'OTAN. "On pensait qu'il avait une aspiration à rejoindre le monde des valeurs libérales tandis qu'ils étaient dans un problème de restructuration identitaire. C'est pour ça qu'il y a sans arrêt des couacs entre ces deux parties de l'Europe", analyse le chercheur.
>> LIRE AUSSI - Missile en Pologne : Washington et ses alliés vont «déterminer ce qu'il s'est passé»
Avec la guerre, "ces couacs deviennent quasiment une déchirure" avec deux conceptions qui s'affrontent, rapporte l'universitaire. "Cet incident permet à Varsovie, à Budapest, à Riga, à Kiev de dire ( aux pays non issus du bloc de l'est de l'Union Européenne NDLR) "mais vous voyez bien que vous avez été naïf'".
"Ces pays nous disent 'vous devez compter avec nous et nous voulons que la Russie de Poutine disparaisse'", conclut l'historien.