Le djihadiste français Mehdi Nemmouche a refusé mardi de s'exprimer "dans un premier temps" sur son rôle dans le quadruple assassinat commis en mai 2014 au musée juif de Bruxelles, faits pour lesquels il est jugé devant les assises de la capitale belge. "Je vous fais savoir à vous et aux jurés, respectueusement, que dans un premier temps, je ne m'exprimerai pas", a-t-il lancé d'une voix posée et avec un vocabulaire maîtrisé, bien droit dans le box des accusés, au troisième jour de son procès.
Il dénonce un procès inéquitable. L'accusé de 33 ans s'est justifié en dénonçant le fait que la cour ait "expurgé" la quasi-totalité des 150 témoins à décharge de la liste des personnes appelées à être auditionnées à la barre. "En conséquence, je ne suis pas en mesure de me défendre convenablement. Toutes les personnes qui auraient pu venir ici en apportant un autre son de cloche et une lecture du dossier aux antipodes de celle de messieurs les procureurs fédéraux ont été refusées", a-t-il développé avant de se rasseoir, préférant laisser ses "conseils s'exprimer" à sa place.
4 minutes, trois questions. L'interrogatoire de Mehdi Nemmouche aura ainsi duré en tout et pour tout 4 minutes, répondant à seulement trois questions. Il a d'abord répondu "non" à la question de savoir s'il était l'auteur de l'attentat, avant de concéder qu'il était bien en possession des armes utilisées pendant la tuerie, un revolver - de type "P38 spécial", a-t-il lui-même précisé - et une kalachnikov, avec lesquelles il avait été arrêté six jours après les faits à Marseille.
Une défense teintée de complotisme
Absence d'ADN. Absence d'ADN, photo truquée, lien avec le Mossad : ses avocats avaient auparavant présenté les points clefs de leur défense, réclamant d'ores et déjà un "acquittement". Ils ont d'abord mis l'accent sur l'absence de traces ADN ou digitales de Mehdi Nemmouche sur la porte d'entrée du musée, pourtant "violemment" saisie par le tueur d'après les images de vidéosurveillance, a souligné l'un de ses conseils, Me Laquay, en déduisant qu'"il n'est donc pas le tueur" et qu'"il a été piégé".
Une photo truquée ? Ensuite, ses avocats ont brandi devant la cour une capture de la vidéosurveillance du musée, sur laquelle on reconnaît Mehdi Nemmouche sur les lieux de la tuerie, affirmant qu'il s'agissait d'une "photo truquée" : la police aurait retouché ce cliché du tueur pour enlever ses lunettes de soleil et y coller le visage de Mehdi Nemmouche grâce à Photoshop, a développé Me Virginie Taelman. Selon elle, les images de vidéosurveillance prouvent de manière "irréfutable" que le tueur n'enlève "jamais" ses lunettes de soleil le temps du quadruple assassinat.
"Une exécution ciblée" et non un attentat. Enfin, la défense a affirmé que cette tuerie n'était pas un attentat du groupe Etat islamique mais "une exécution ciblée d'agents du Mossad", les services secrets israéliens, les premières victimes de la tuerie étant un couple de touristes israéliens, dont la femme aurait travaillé en tant que comptable pour le Mossad. Une formule ambiguë et non étayée laissant entendre qu'il s'agirait d'un complot, ce qu'ont dénoncé les parties civiles. Michèle Hirsch, avocate des organisations juives de Belgique (CCOJB), a notamment ironisé après l'audience sur la stratégie de "victimisation" de Mehdi Nemmouche par ses avocats.