Quelque 28.120 réfugiés sont arrivés jusqu'à présent en Arménie, ont indiqué mardi les autorités arméniennes. La semaine dernière, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian avait annoncé que son pays de 2,9 millions d'habitants se préparait à accueillir 40.000 réfugiés du Nagorny Karabakh.
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L'Azerbaïdjan s'est engagé à permettre aux rebelles qui rendraient leurs armes d'aller en Arménie, et a ouvert dimanche la seule route reliant le Nagorny Karabakh à ce pays, quatre jours après la capitulation des séparatistes et un accord de cessez-le-feu qui place sous le contrôle de Bakou la région d'environ 120.000 habitants, peuplée majoritairement d'Arméniens.
24 heures pour effectuer 80 km
L'afflux de réfugiés a entraîné d'immenses embouteillages. Un flot ininterrompu de véhicules transportant des familles et leurs affaires empilées sur les toits défile jour et nuit devant le dernier poste de contrôle azerbaïdjanais avant le territoire arménien, via le corridor de Latchine.
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Beaucoup disent avoir mis 24 heures à faire les 80 km séparant la "capitale" séparatiste, Stepanakert, de la frontière. Un trajet effectué sans nourriture et parfois sans eau : le Nagorny Karabakh, soumis au blocus de l'Azerbaïdjan depuis des mois, manque de tout.
Des soldats azerbaïdjanais vérifient des coffres, jettent un œil furtif à l'intérieur, sans demander aucun document d'identité. Les hommes sont priés de descendre pour fixer des caméras de surveillance, à côté d'un drapeau azerbaïdjanais qui flotte au vent. La manœuvre est destinée à repérer d'éventuels auteurs de "crimes de guerre" fuyant le Karabakh, a expliqué une source gouvernementale azerbaïdjanaise à l'AFP.
"Nous sommes des chiens"
Certains réfugiés arrivent à pied. "Ils nous ont expulsés", lance un homme. "J'ai quitté ma maison pour rester en vie", assène une femme en veste verte, qui insiste pour parler : "Que le monde sache que nous sommes des chiens sans abri désormais !"
Première étape pour la plupart des réfugiés, la ville frontalière de Goris, peuplée d'une vingtaine de milliers d'habitants, est submergée depuis dimanche soir. Devant le théâtre de la ville, des minibus blancs arrivent sans cesse. D'autres repartent, leurs coffres chargés de bagages, en direction de la capitale Erevan et des autres grandes villes arméniennes.
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Lundi soir, en plein exode, un dépôt de carburant a explosé dans l'enclave, faisant au moins 68 morts, 290 blessés et 105 personnes portées disparues, ont annoncé les autorités séparatistes.
L'Arménie et l'Azerbaïdjan sont deux anciennes républiques soviétiques qui se sont affrontées militairement au Nagorny Karabakh de 1988 à 1994 (30.000 morts) et à l'automne 2020 (6.500 morts). Le bilan de l'invasion éclair de la semaine dernière est de 200 morts, selon la partie arménienne.
Lundi, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev avait réaffirmé la promesse que les droits des Arméniens de l'enclave, rattachée en 1921 à l'Azerbaïdjan par l'URSS, seraient "garantis".
Des discussions "intenses" mardi à Bruxelles
L'Union européenne a réuni mardi à Bruxelles des hauts responsables diplomatiques français, allemand, azerbaïdjanais et arménien. Selon le communiqué de l'UE, les discussions ont permis d'"intenses échanges entre les participants sur la pertinence d'une rencontre éventuelle des dirigeants" de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan, en marge d'un sommet européen informel des 27 à Grenade, en Espagne, le 5 octobre.
Ce sommet était prévu de longue date et n'a pas été annulé. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé mardi l'Azerbaïdjan à respecter ses engagements de protéger les civils dans la province et à y permettre l'accès de l'aide humanitaire.
"Le secrétaire d'État s'est à nouveau entretenu avec le président Aliev aujourd'hui et a souligné l'urgence de mettre fin aux hostilités, d'assurer la protection inconditionnelle et la liberté de mouvement des civils, et de garantir un accès humanitaire sans entrave au Nagorny Karabakh", a déclaré le porte-parole du département d'État, Matthew Miller.
La France, pour sa part, a appelé à "une action diplomatique internationale" face "à l'abandon de l'Arménie par la Russie". Paris a estimé que l'exode "massif" des Arméniens du Nagorny Karabakh se déroule "sous l'œil complice de la Russie", qui avait déployé en 2020 une force de maintien de la paix dans cette région.