Le président du Nicaragua Daniel Ortega a renoncé dimanche à sa réforme controversée des retraites, point de départ d'une vague de manifestations qui a fait au moins 25 morts en cinq jours. Lors d'une rencontre avec des chefs d'entreprise, le chef d'État de gauche a annoncé que l'Institut nicaraguayen de sécurité sociale (INSS) ne mettrait pas en oeuvre cette réforme, qui devait augmenter les contributions sociales des salariés comme des employeurs pour essayer d'équilibrer le système de retraites.
Cinq jours de pillages et 25 morts. "Nous devons rétablir l'ordre, nous ne pouvons pas permettre qu'ici s'imposent le chaos, le crime, les pillages", a déclaré le président, comparant les manifestants aux gangs criminels. Dans ce pays pauvre d'Amérique centrale, affrontement et pillages ont continué dimanche pour le cinquième jour consécutif. Le Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh) a annoncé dans un communiqué un 25ème décès, précisant que "parmi les victimes mortelles, se trouvent des mineurs, des étudiants et le journaliste Angel Gahona", tué samedi d'une balle en plein reportage dans la ville de Bluefields, dans l'est du pays.
Le ras-le-bol de la population. L'annonce du revirement du président Ortega ne semblait pas dimanche soir inciter les manifestants à quitter les rues. "Nous nous battons non seulement pour l'INSS, nous nous battons pour toutes les années de pillage de la population par le régime sandiniste", le parti au pouvoir, a confié un étudiant d'ingénierie qui s'est identifié comme Cristofer et manifestait près de l'Université polytechnique. "On n'avait pas vu cela depuis des années au Nicaragua", a commenté l'ancien ambassadeur nicaraguayen aux États-Unis Carlos Tünnerman, soulignant le "malaise dans la population, pas seulement à cause des réformes, mais à cause de la façon dont le pays a été gouverné".