Certaines lycéennes de Chibok enlevées il y a trois ans par le groupe islamiste Boko Haram dans le nord-est du Nigeria ont refusé d'être libérées dans le cadre de l'accord qui a permis le retour de 82 autres d'entre elles ce week-end, a appris Reuters auprès d'un des médiateurs. "Plusieurs filles ont refusé de rentrer", a affirmé l'avocat Zannah Mustapha, qui a participé aux dernières négociations en date entre le gouvernement nigérian et Boko Haram. "Je n'ai parlé de leurs raisons à aucune d'entre elles. Mais en tant que médiateur, il ne m'appartient pas de les contraindre", a-t-il ajouté.
Un syndrome de Stockholm. Les révélations de Zannah Mustapha sur le refus opposé par certaines d'entre elles à leur libération alimentent les craintes d'une radicalisation au contact de leurs ravisseurs islamistes ou de sentiments de peur et de honte qui les empêcheraient de songer à reprendre le cours de leur vie. Certaines jeunes filles ont aussi épousé des militants de Boko Haram durant leur captivité. "Elles développent un syndrome de Stockholm, s'identifient avec leurs ravisseurs et veulent rester", explique Fatima Akilu, une psychologue nigériane qui a dirigé des programmes de déradicalisation de militants du mouvement islamiste et de femmes enlevées par le groupe armé.
L'influence des époux. "Certaines ont peur de ce qui les attend, de l'inconnu. Nous ne savons pas dans quelle mesure leurs époux exercent une influence pour les contraindre à ne pas rentrer", ajoute la présidente de la Fondation Neem, une ONG qui combat l'extrémisme au Nigeria. Dimanche, la présidence du Nigeria s'est engagé à superviser la réhabilitation et l'éducation des 82 lycéennes libérées samedi.
Boko Haram avait enlevée en avril 2014 quelque 270 lycéennes dans une école de Chibok, suscitant un très vif émoi dans le monde. Une cinquantaine d'entre elles avaient pu échapper presque immédiatement à leurs ravisseurs. D'autres otages ont été progressivement libérées depuis. On estime que 113 jeunes filles de Chibok sont toujours en captivité à ce jour.