porte-avion Charles de Gaulle, Irak crédit : Eric FEFERBERG / AFP - 1280 2:54
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Didier François, envoyé spécial à Mossoul, avec M.R. , modifié à
L'ENQUÊTE DU 8H - Les Irakiens et les Kurdes sont soutenus par les forces de la coalition, essentiellement des Français et des Américains. Mais quel est leur rôle précis ?
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L'offensive pour libérer Mossoul de Daech se poursuit.Les chefs ont quitté la ville, laissée aux mains des combattants qui se défendent à coup de voitures ou de drones piégés. Dans les forces qui les combattent, des Irakiens, des Kurdes mais aussi des Américains et des Français. Ils constituent un appui logistique et balistique essentiel. 

Un rôle de soutien pour les Occidentaux. Les artilleurs français ont positionné leurs canons au sud de Mossoul, à une vingtaine de kilomètres en arrière de la ligne de front. C'est l'endroit d'où ils sont les plus efficaces et les plus en sécurité pour appuyer l’offensive des troupes irakiennes car les forces de la coalition occidentale ne montent pas à l'assaut des djihadistes. Les Français, comme les Américains, ont un rôle de soutien. Ils se sont d’ailleurs installés ensemble dans une sorte d’énorme forteresse en béton hérissée de miradors qui abrite près d'un millier d’Américains. Les soldats bénéficient alors de toutes les infrastructures américaines à commencer par un réfectoire bien approvisionné en nourriture fraîche ainsi qu'un accès à un hôpital de campagne en cas de besoin.

Des avions et des canons très efficaces. Lorsque les troupes irakiennes lancent un assaut, ou qu'elles doivent essuyer une contre-attaque des djihadistes, elles peuvent demander l'appui des Occidentaux. Dans ce cas, la coalition peut envoyer des avions ou utiliser ses canons. Un ordre est alors transmis à la batterie française qui déploie immédiatement ses tubes dans la zone de tir et ouvre le feu. Comme les obusiers sont installés sur des camions, toute cette procédure ne dure pas plus de cinq minutes. 

Les canons sont équipés de systèmes de visée assistés par ordinateurs qui leur permettent d'effectuer des tirs très précis mais aussi très puissants grâce à leur très gros calibre, 155 millimètres, et leur portée de 40 km. Ils peuvent donc tirer par tous les temps, de jour comme de nuit. Ils constituent alors une force non négligeable dans l'issue du combat.

Comment les cibles sont-elles choisies ? Pour les canons comme pour les avions, c'est l'état-major de la coalition qui prend la décision. Un officier français de haut niveau peut interdire un tir selon une procédure très stricte. "Toutes les demandes de tirs sont initiées par les Irakiens qui, eux, sont au contact", explique le commandant Marc. "Après, cette demande de tir va cheminer au sein de la coalition, va remonter jusqu'au PC où on va vérifier trois critères essentiels : que ce tir soit légal, la partie technique, l'adéquation entre la cible et la munition que nous allons tirer ainsi que sa précision, afin de limiter au maximum les dégâts collatéraux. Et enfin l'effet tactique sur le terrain du tir. Une fois que la décision est prise, en cinq minutes, les coups partent."

Une place au premier plan pour la France. Après les États-Unis, la France est le second contributeur dans cette bataille. Elle ne ménage pas son investissement puisqu'elle a déployé l'armée de l'air avec ses porte-avions, les forces spéciales depuis deux ans, son artillerie… L'armée française forme même les forces locales. Parce que les ennemis affrontés au Levant sont les terroristes qui ont frappé Paris. C'est en tout cas ce que compte bien rappeler le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, aux ministres de la Défense de la coalition réunis mardi après-midi à Paris. La France compte aller jusqu'au bout de ce combat contre l'État islamique, que ce soit aujourd'hui à Mossoul, en Irak, ou demain à Raqqa, fief de Daech en Syrie.