L’offensive turque dans le Kurdistan, au nord de la Syrie, aurait déjà fait plus de 300 morts selon l'Observatoire syrien des Droits de l'Homme. Mardi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a écarté l’hypothèse d’un cessez-le-feu, en dépit des appels des Occidentaux, notamment des Etats-Unis et de la France, à mettre fin à cette opération militaire d’envergure.
"Ce qui va arriver, si nous Français et Européens ne réagissons pas, c’est que dans un an ou deux, lorsque les réseaux seront remontés par les djihadistes, nous aurons de nouveau des attentats de masse en France", a voulu alerter mercredi matin, au micro de Julien Pearce sur Europe 1, l'écrivain et aventurier Patrice Francheschi.
Cet officier de réserve, auteur de Mourir pour Kobané, combat depuis sept ans aux cotés des Kurdes. "Nous commettons, en abandonnant nos amis et nos alliés, à la fois une faute morale – parce qu’ils ont fait le boulot à notre place contre l’ennemi commun qu’était l’Etat islamique […] –, et une faute politique", estime Patrice Francheschi. "En abandonnant ce bouclier anti-djihadiste que nous avions installé avec les Kurdes, dans le nord-est de la Syrie sur une surface grande comme quatre fois le Liban, nous retournons sept ans en arrière, avec la réinstallation de djihadistes qui seront recyclés sous un autre nom que Daech, mais qui seront les mêmes."
Pour cet aventurier, les questions de sécurité intérieure en Europe, et notamment en France, sont donc intimement liées au sort des Kurdes. "Pourquoi pensez-vous qu’il n’y a pas d’attentat de masse en France depuis trois ans ? Tout simplement parce que les Kurdes, avec notre aide, ont liquidé les organisations pratiques et tactiques des djihadistes."
"Notre problème, c’est le manque de volonté", fustige celui qui a remporté en 2015 le prix Goncourt de la nouvelle. "On ne sait plus comment faire la guerre, on ne sait plus très bien si on veut la faire, on ne sait plus comment prendre des coups en faisant la guerre, et l’on préfère repousser à plus tard les mesures indispensables que l’on devrait prendre maintenant pour notre sécurité."
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Le courage des Kurdes
Patrice Francheschi tient également à saluer la ténacité de ses amis kurdes, seuls face aux forces d’Ankara, alors que les Etats-Unis ont annoncé le retrait de 1.000 de leurs soldats jusqu'à présent stationnés au nord de la Syrie. "Les Kurdes résistent et la défaite apocalyptique que l’on nous présente n’est pas encore tout à fait jouée", relève-t-il.
"Le nord-est de la Syrie est une immense plaine. Une plaine c’est facile à prendre et difficile à défendre. Les Turcs disposent d’une aviation importante, de blindés lourds, d’une artillerie très puissante. Pour l’instant, ils ont écrasé les Kurdes sous le feu", constate Patrice Francheschi. "Cela dit, mes camarades s’étaient préparés depuis longtemps. Tout l’été, on a creusé des tunnels, des remblais, tout ce qu’il fallait pour préparer la défense. Les Kurdes s’attendaient à cette offensive et résistent farouchement."