Le gouvernement israélien a approuvé l'accord prévoyant la libération de 50 otages en échange de la libération de prisonniers palestiniens et d'une trêve de quatre jours dans la bande de Gaza. Pour en arriver là, il a fallu cinq semaines de négociations "terriblement éprouvantes" a raconté ce responsable, qui n'a pas souhaité être nommé, dans un entretien avec la presse mardi soir.
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Le Qatar et l'Égypte se posent en médiateurs
Très vite après l'attaque sanglante et sans précédent le 7 octobre du Hamas sur le sol d'Israël, le Qatar a, selon lui, proposé sa médiation pour une éventuelle libération des otages emmenés dans la bande de Gaza par le groupe islamiste palestinien - environ 240 personnes.
Une "cellule" est alors établie pour y "travailler très prudemment, très discrètement". L'administration Biden est représentée par deux hauts gradés de la Maison Blanche, Brett McGurk et Josh Geltzer. S'en suivront, pendant des semaines, des "contacts quotidiens, parfois heure par heure" entre Américains, Israéliens, Qataris et Egyptiens.
L'Égypte, qui tient l'unique ouverture sur le monde de la bande de Gaza qui ne soit pas aux mains d'Israël, le terminal de Rafah, est un médiateur historique et incontournable du conflit israélo-palestinien. Le Qatar, pour sa part, accueille le chef en exil du Hamas, mais entretient également de bonnes relations avec Washington.
Une première étape importante est franchie le 20 octobre avec la libération de deux Américaines détenues par le Hamas, "un test grandeur nature", a rapporté le haut responsable américain, indiquant que la Maison Blanche avait, ce jour-là, suivi leur chemin vers la liberté "en temps réel".
Mossad et CIA
Leur libération "nous a donné confiance" dans la procédure alors établie, en confirmant le rôle clé du Qatar. Le chef du Mossad israélien, David Barnea, et le patron de la CIA américaine, Bill Burns, se joignent à cette époque au cercle restreint des discussions. Le président américain Joe Biden, lui, multiplie les entretiens avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyhau.
Les discussions, "très détaillées et techniques", butent rapidement sur une question cruciale : l'identification par le Hamas des otages qu'il pourrait libérer. Les communications sont "difficiles" et laborieuses, "les messages doivent passer par Doha et Le Caire jusque dans la bande de Gaza, et revenir dans l'autre sens", toujours selon la même source.
50 noms de femmes et d'enfants
Fin octobre-début novembre, l'accord "commence à prendre forme", il est déjà question de libérer 50 personnes mais le Hamas, selon le haut responsable américain, ne fournit qu'une liste de 10 noms. Le 12 novembre, Joe Biden décroche son téléphone et fait savoir à l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, qu'il faut aller plus loin. Le Hamas, toujours selon ce haut responsable de la Maison Blanche, finit par produire 50 noms de femmes et d'enfants, avec des critères d'identification. Le 14 novembre, Israël donne un premier feu vert. Ce jour-là, "nous approchions de la conclusion quand soudain tout s'est bloqué", le Hamas cesse de répondre, poursuit la source. Elle assure qu'une fois le contact rétabli, le groupe islamiste palestinien, à plusieurs reprises, "interrompt les discussions".
Joe Biden "extraordinairement satisfait" de la libération prochaine des otages
Le 17 novembre, le président américain est à San Francisco (Californie) pour un sommet avec des pays du pourtour Pacifique. Nouveau coup de fil, cette fois pour convenir avec l'émir du Qatar qu'il est temps de "sceller" l'accord.
Le 18 novembre, l'émissaire américain Brett McGurk, auquel le patron de la CIA se joint par téléconférence, participe à Doha à une réunion décisive, débouchant sur un plan en "cinq à six pages", qui détaille le processus de libération afin que "rien ne soit laissé au hasard".
Le lendemain, lors d'un entretien avec le patron des services de renseignements égyptien Abbas Kamel, une réponse du Hamas permet de régler certains points en suspens. Alors, "pour la première fois", les Américains "voient l'accord prendre forme".Mardi soir (heure américaine), Joe Biden s'est dit, dans un communiqué, "extraordinairement satisfait" de la libération prochaine des otages.