Un commando djihadiste a mené vendredi soir une attaque sanglante sur un restaurant et un hôtel de Ouagadougou fréquentés par des occidentaux, faisant au moins 29 morts et environ 150 blessés, et prenant des otages. Deux Français ont été tués et une Française a par ailleurs été blessée, a annoncé le Quai d'Orsay, samedi en fin d'après-midi. Cette attaque a été revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique moins de deux mois après une attaque similaire au Mali.
- Au moins 29 morts de 14 nationalités dans cette attaque terroriste revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique
- Deux Français sont morts lors de l'attaque, annonce le Quai d'Orsay
- Il y aurait au moins 150 blessés, mais le bilan reste provisoire
• DEUX VICTIMES FRANÇAISES
Deux ressortissants français ont été tués dans l'attaque. Les deux victimes françaises sont originaires de l'Oise et étaient collègues de travail. Elles travaillent tous deux pour la société de transport Scales, spécialisée dans les transports exceptionnels et basée à Saint-Ouen-l'Aumône, dans le Val d'Oise. La famille d'une des victimes est originaire du village rural de Fontaine-Saint-Lucien, à 10 km de Beauvais. La seconde victime est originaire d'une autre petite commune, Crillon, à 17 km de la préfecture de l'Oise. François Hollande a pour sa part dénoncé "l'odieuse et lâche attaque qui frappe Ouagadougou", puis a précisé que "les forces françaises apportent leur soutien aux forces Burkinabé".
Les autorités burkinabé annoncent qu'une Franco-Ukraine ferait partie des victimes identifiées. Mais le nombre de victimes étrangères reste encore très flou. Selon le décompte du ministre de la Sécurité Intérieure Simon Compaoré, quatre Canadiens, trois Ukrainiens, deux Suisses, deux Portugais (dont Antonio Basto, qui travaillait et résidait en France), un Néerlandais et deux Français, Eddie Touati etArnaud Cazier, ont été tués. Au total, quatorze étrangers et huit Burkinabè seraient morts. Mais d'après le bilan communiqué par un procureur, quatre Canadiens, deux Ukrainiens, deux Suisses, un Portugais, un Néerlandais, un Américain, un Libyen et deux Français ont péri.
• LE RECIT
L'attaque a commencé par l'irruption, vendredi à 19h45, d'un nombre indéterminé d'assaillants dans l'hôtel Splendid, un établissement de luxe de 147 chambres situé au coeur de Ouagadougou et fréquenté par des Occidentaux et des employés des agences des Nations unies. De nombreux tirs ont alors été entendus.
Juste avant 2h du matin, "l'assaut a commencé" sur l'hôtel Splendid. Des tirs nourris ont retenti dans les étages supérieurs de l'établissement. Les échanges de coups de feu entre les forces burkinabé, appuyées par des forces spéciales françaises, et les djihadistes étaient incessants vers 5h. A 10h du matin, l'assaut était terminé à l'hôtel Splendid mais continuait dans un autre hôtel. L'assaut s'est ensuite poursuivi dans le café-restaurant Cappuccino, également lieu de rendez-vous de la communauté expatriée. "Sur la terrasse du Cappuccino, les sapeurs-pompiers ont vu une dizaine de cadavres", a déclaré dans la nuit le ministre de l'Intérieur Simon Compaoré.
"C'est horrible, les gens étaient couchés et il y avait du sang partout. Ils tiraient sur les gens à bout portant", a également expliqué Yannick Sawadogo, un des rescapés de l'hôtel. "On les entendait parler et ils marchaient autour des gens et tiraient encore sur des personnes qui n'étaient pas mortes. Et quand ils sont sortis, ils ont mis le feu, on a profité de leur départ pour sortir par les fenêtres brisées", a-t-il ajouté.
• LES TEMOIGNAGES
La femme d'une des victimes a livré un témoignage poignant à Europe 1. "J'ai quatre grandes filles, l'aînée a 31 ans. Et puis on venait d'avoir un petit garçon de 6 ans. C'est l'horreur, il ne réalise pas. Je ne sais pas comment on va survivre à ça", a-t-elle déclaré, la voix nouée par les sanglots.
L'une des rescapées a elle raconté la violence des scènes. "Ils ont commencé à tirer, tirer...", explique-t-elle dans une vidéo repérée par FTVI. Cette femme était avec des amis au Capuccino quand le café-restaurant a été pris pour cible par les terroristes. "Dès que tu soulevais la tête, on t'abattait directement", poursuit-elle. "Il fallait faire semblant d'être morte. On venait même nous toucher les pieds pour voir si quelqu'un est vivant ou pas. Si tu es vivant on te tire dessus".
• QUI SONT LES ASSAILLANTS ?
Des contrôles de sécurité étaient en place à l'entrée, mais n'ont pu empêcher l'irruption des assaillants vers 19h45. D'autant que, selon les informations d'Europe 1, les terroristes avaient loué des chambres dans l’Hôtel Splendid. Les djihadistes avaient également des complices à l’intérieur de l’établissement. Le groupe Al-Mourabitoune, mouvement armé djihadiste de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar qui a rallié récemment Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), serait à l'origine de l'attaque. Les deux organisations ont en tout cas revendiqué cet attentat. Mais le flou demeure encore sur l'identité des assaillants, qui seraient au nombre de quatre et auraient tous trouvé la mort.