La peine de mort est-elle en sursis outre-Atlantique ? Les prisons américaines devraient en tout cas avoir encore plus de difficultés à acquérir des produits pharmaceutiques utilisés pour les exécutions par injection létale, après la décision du laboratoire pharmaceutique américain Pfizer d'interdire l'utilisation de ses produits pour des exécutions. "Pfizer fabrique ses produits pour améliorer et sauver la vie des patients", a réaffirmé vendredi le groupe dans un communiqué. Pfizer était le dernier laboratoire approuvé par l'Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) à encore tolérer la distribution de produits utilisés dans les cocktails létaux.
Une pénurie de produits létaux. Désormais, tous les fabricants de produits pour exécution approuvés par la FDA ont pris position contre le détournement de médicaments pour des injections létales, et pris des mesures pour l'empêcher. Pfizer s'est par exemple engagé à poursuivre ses distributeurs qui revendraient ses produits dans ce but. Couplé avec l'interdiction européenne de vendre ces produits aux prisons américaines, ce refus croissant du secteur pharmaceutique de fournir des produits létaux a provoqué une pénurie pour les 31 Etats américains où la peine de mort est encore en vigueur.
Des moyens détournés. Mais certains Etats, comme l'Arkansas ou l'Ohio, tentent de garantir l'anonymat aux pharmacies distributrices, ou se tournent vers des pharmacies non homologuées voire vers des circuits clandestins pour s'approvisionner. La Virgine a même failli rétablir la chaise électrique, avant de trouver un accord garantissant le secret de l'approvisionnement.
Mais constituer un cocktail létal efficace et juridiquement inattaquable relève du parcours du combattant. Ainsi, plusieurs Etats ont procédé depuis janvier 2014 à des exécutions très critiquées, les condamnés expirant après avoir enduré une longue agonie marquée par des souffrances, suffocations, râles ou convulsions.
Baisse record du nombre de peines capitales. Les avocats des condamnés à mort n'hésitent pas à lancer des recours de dernière minute mettant en doute l'efficacité de tel ou tel produit, souvent avec succès. Ainsi l'Etat de l'Ohio a suspendu toutes les condamnations à mort jusqu'en 2017, à cause de cette pénurie. Avec 28 mises à mort en 2015, le nombre d'exécutions aux Etats-Unis a ainsi chuté à son point le plus bas depuis 25 ans.