La maladie menace la vie de plus de 200.000 personnes déplacées par une attaque djihadiste contre une ville du sud des Philippines, a averti vendredi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) alors qu'une mère racontait à l'AFP avoir perdu son bébé faute de soins.
Situation sanitaire préoccupante. L'arrivée de la saison des pluies pourrait aggraver la situation, a alerté le CICR, qui a déjà observé une nette augmentation des cas de diarrhée, de maladies respiratoires et autres problèmes de santé. "La situation sanitaire n'est pas encore critique mais nous craignons qu'elle ne s'aggrave dans les jours qui viennent avec les déplacements prolongés", a expliqué Jose Amigo, coordinateur du CICR pour les Philippines.
Emmalyn Macababayao, 37 ans, qui s'est réfugiée chez des proches, a raconté à l'AFP que son fils âgé de un an est tombé malade pendant les six jours qu'il lui a fallu pour fuir Marawi, la principale ville musulmane des Philippines catholiques. "Pendant ma fuite, je tenais fort mon fils aîné de la main gauche pendant que j'allaitais l'autre", a-t-elle raconté avant de s'effondrer en larmes. "Le bébé avait si faim, il pleuvait si fort, on était tous trempés. Il a fallu marcher longtemps, je pleurais, j'étais désespérée. Mais je n'ai pas lâché mes enfants, j'avais si peur". Le bébé, qui avait la diarrhée et la fièvre, est mort trois jours après leur arrivée chez des proches, dans le village de Balo-I aux abords de Marawi, où ils n'ont pas eu accès à des médicaments.
Combat contre l'État Islamique. D'après le gouvernement, environ 240.000 personnes ont été déplacées par les combats. Ceux-ci ont éclaté le 23 mai lorsque des combattants brandissant le drapeau noir du groupe État islamique (EI) ont commencé à mettre à sac des quartiers de Marawi. Le président Rodrigo Duterte, qui juge que cette attaque entre dans le cadre d'un projet plus vaste d'instauration d'un "califat" de l'EI dans la région méridionale de Mindanao, y a décrété la loi martiale. Le gouvernement a confirmé la mort de 20 civils dans les combats mais ce chiffre est vraisemblablement sous-évalué, les autorités n'ayant pu accéder aux quartiers toujours aux mains des djihadistes, environ 10% de la ville. Quelque 2.000 personnes sont prises au piège dans ces quartiers et servent de bouclier humain aux djihadistes, d'après les autorités.