Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a défendu mercredi avec vigueur le traité de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (CETA) devant les députés français qui doivent encore le ratifier et le contestent pour une partie d'entre eux. "Posons-nous la question : si la France n'arrive pas à ratifier un accord de libre-échange avec le Canada, avec quel pays imaginez-vous pouvoir le faire ?", a lancé le Premier ministre, vivement applaudi par la majorité mais pas du tout sur les bancs LR ou de la gauche. Les députés doivent se prononcer à l'automne sur le CETA, qui s'applique de manière provisoire depuis le 21 septembre dans sa presque totalité mais crée de vives polémiques en France.
"Droits de personnes, mobilité, environnement..." Prenant le contre-pied de ces critiques, Justin Trudeau a assuré que le CETA "donne l'exemple sur la protection des droits de la personne, sur l'environnement et sur la mobilité des citoyens". "Il préserve le droit des États de légiférer et de réglementer dans l'intérêt public, de mettre en oeuvre des politiques visant à soutenir leurs industries culturelles, en plus de protéger les normes du travail", a-t-il affirmé, déclenchant des protestations feutrées de députés Insoumis, dont Jean-Luc Mélenchon, faisant "non" du doigt.
"Si la France n'arrive pas à ratifier un accord de libre-échange avec le Canada, avec quel pays imaginez-vous pouvoir le faire ?", s'interroge @JustinTrudeau. #directANpic.twitter.com/E9tEbIbGTQ
— LCP (@LCP) 17 avril 2018
+4% d'importations françaises au Canada. En 2017, "avec seulement quatre mois d'impulsion donnée par le CETA, les importations au Canada en provenance de la France ont augmenté de 4%. Dans les secteurs agricole et agroalimentaire, on atteint une augmentation de 8% par rapport à l'année précédente. Les investissements canadiens en France ont, quant à eux, progressé de 23% l'an dernier", a-t-il défendu. "Pour Décathlon, cet accord se traduit par l'ouverture d'une toute première succursale au Canada (...) Pour Pipolaki, une entreprise des Pyrénées-Atlantiques, la réduction des droits de douane augmentera sa compétitivité, de sorte que plus de Canadiens porteront ses célèbres bonnets", a-t-il illustré. Pour le Premier ministre canadien, "tous ces exemples illustrent une même réalité : les échanges commerciaux, lorsqu'ils sont bien encadrés, profitent au plus grand nombre."
.@JustinTrudeau défend la mise en place du #CETA entre le Canada et l'UE. "Ensemble, nous avons élevé nos voix pour un commerce qui profite au plus grand nombre, pour un accord qui crée de bons emplois bien rémunérés pour la classe moyenne", dit-il.#directANpic.twitter.com/QQwhQsm4xI
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Trudeau vante une "approche progressiste". Le Premier ministre canadien a par ailleurs vanté à l'Assemblée nationale une "approche progressiste" face aux changements liés notamment à la mondialisation ou au climat, alors que "dans trop de pays, le populisme se répand". "Amis Français, les Canadiens vous tendent la main. Ayons l'audace de bâtir ensemble un monde plus progressiste, plus diversifié, plus vert, plus inclusif, plus ouvert, plus démocratique", s'est-il exclamé. Constatant que "dans trop de pays, le populisme se répand, la démocratie s'érode", que "des millions de gens prennent la route, risquant leur vie, en quête d'un avenir meilleur", sans compter "un climat qui change", Trudeau a déclaré que "force nous est d'admettre que changement n'est pas toujours synonyme de progrès", appelant à défendre son "approche positive, et résolument progressiste", sur le commerce, l'immigration ou l'environnement.
Quand Justin Trudeau dit "Le changement n’est pas toujours synonyme de progrès", l’opposition applaudit #DirectANpic.twitter.com/Nj7gPuDhk2
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