En Syrie, les frappes de la coalition emmenée par les États-Unis pour la reprise en octobre 2017 de Raqqa à l’Etat islamique auraient fait plus de 1.600 morts parmi les civils. Frappes auxquelles a participé la France et le Royaume-Uni, comme le rappelle le rapport piloté par l'ONG Amnesty International, et qui dresse ce sinistre bilan après plusieurs mois de recherches.
Cette enquête est le résultat du croisement de millions de données, principalement les analyses d'images satellites, et les témoignages de quelques 400 témoins ou survivants recueillis directement à Raqqa par les équipes d'Amnesty International.
Seulement 174 victimes civiles officiellement reconnues
Pour Nina Walch, représente de l'ONG à Paris, l'origine des frappes ne fait aucun doute possible. "Il n'y avait que la coalition qui avait des avions. Sur le terrain, on peut très bien distinguer si un immeuble a été détruit par une frappe aérienne ou par l'État islamique, qui n'avait que des bombes et des mines", pointe-t-elle auprès d'Europe 1. "À ce jour, 174 civils, soit seulement 10% de ce que nous avons pu recenser, sont [officiellement] reconnus comme des victimes de la coalition."
Le silence de la France
À Raqqa, dans la mesure où les terroristes de l'État islamique se sont servis des civils comme de boucliers humains, il a été difficile d'éviter les pertes, mais elles auraient pu être limitées, estime Nina Walch.
Il est toutefois quasiment impossible de déterminer quel pays est derrière chaque bombardement. Environ 90% des frappes contre Daech ont été menées par les États-Unis. Le reste a été fait par des avions britanniques et français. À ce jour, la France est selon Amnesty International le seul de ces trois pays à ne pas avoir répondu aux sollicitations de l'ONG dans cette enquête.