Pour le président tunisien Kaïs Saïed, la tempête «Daniel» est un signe de l'influence du «mouvement sioniste»

Maroc
Le président Kaïs Saïed s'est fendu d'une nouvelle sortie polémique. © AFP PHOTO / QUIRINALE PRESS OFFICE
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Romain Rouillard / Crédit photo : AFP PHOTO / QUIRINALE PRESS OFFICE
Au cours d’une réunion avec son Premier ministre Ahmed Hachani et des membres de son gouvernement, le président tunisien Kaïs Saïed a estimé que le prénom "Daniel", donné à la tempête, responsable d’inondations meurtrières en Libye, était un témoin de l’influence du mouvement sioniste.

C'est un thème qui revient régulièrement dans la bouche du président tunisien Kaïs Saïed. Ce lundi, au cours d'une réunion ministérielle, le dirigeant s'est fendu d'une nouvelle déclaration polémique à propos d'une supposée "influence sioniste", rapportent plusieurs médias dont Le Figaro et TV5 Monde. Cette fois-ci, c'est le prénom Daniel, attribué à la tempête responsable d'inondations meurtrières en Libye, qui a déclenché l'ire du chef d'État. 

Un prénom à consonance hébraïque, vertement critiqué par l'intéressé. "N'ont-ils pas réfléchi à la signification du nom Daniel ? C'est un prophète hébreu !", a-t-il tempêté. Avant de se lancer dans une explication pour le moins hasardeuse : "Cela démontre que le mouvement sioniste a infiltré et altéré complètement la pensée intellectuelle, la faisant passer à un état de coma intellectuel total". 

"Délire complotiste et antisémite"

En réalité, la dénomination des tempêtes est une compétence de l'OMM, l'organisation météorologique mondiale, comme le rappelle le média Business News. Des listes, élaborées par le National Hurricane Center depuis 1953, sont ainsi mises à jour et entretenues par l'OMM. Au nombre de six, elles sont utilisées en rotation et mêlent des prénoms masculins et féminins.  Autrement dit, "le nom choisi pour la tempête en Libye n’a rien à voir avec le mouvement sioniste, le nom choisi est basé sur un ordre alphabétique", écrit le média.

Les propos de Kaïs Saïed ont suscité une vague de réactions indignées sur les réseaux sociaux. "Nouveau délire complotiste et antisémite du président tunisien, Kaïs Saïed. L’indécence qui surfe sur des milliers de morts en Libye", écrit, entre autres, l'auteur, journaliste et militant politique Amine Snoussi sur X (ex-Twitter). D'autant que le président tunisien n'en est pas à son coup d'essai. À plusieurs reprises, le chef d'État a qualifié la normalisation des liens entre la Tunisie et Israël de crime de "haute trahison", tout en ayant affirmé, au soir de son élection" que le sionisme visait à "exterminer le peuple palestinien". 

Plus récemment, en février dernier, le dirigeant avait provoqué l'indignation après des déclarations qui visaient, cette fois-ci, l'immigration d'origine africaine subsaharienne. Il avait assuré que la présence de "hordes de migrants clandestins" sur le sol tunisien était source de "violence, de crimes et d'actes inacceptables". En mai dernier, il avait toutefois réfuté tout antisémitisme d'État après l'attaque contre une synagogue à Djerba, qui avait fait quatre victimes.