Pas de récession mais une croissance du PIB qui se tasse nettement à 2,3% en 2022 contre 2,7% en mars dernier, selon les prévisions de la Banque de France. D’ici l’été, Emmanuel Macron devrait annoncer de nouvelles mesures mais privé de majorité absolue à l'Assemblée nationale, l'exécutif se voit déjà mis en difficulté pour faire adopter sa loi sur le pouvoir d'achat et son budget rectificatif, censés soutenir dans l'urgence les Français face à l'inflation.
Une question se pose : que font nos voisins européens pour protéger leur pouvoir d'achat ? En Belgique, les salaires et les allocations sont en partie protégés de l’inflation par un mécanisme bien connu : l’indexation automatique des salaires. Quand les prix augmentent, les rémunérations suivent. Cette année, l'inflation est estimée à près de 9% en Belgique. Bien que ce système soit salué par l’OCDE, ce n’est pas toujours une bonne nouvelle pour les patrons d’entreprise.
2% d'inflation, 2% d'augmentation de salaire
"On n'a pas le choix, en Belgique, c'est la norme, on suit." Fabrizio est patron d'une gaufrerie et cette année, ses employés lui coûtent plus cher à cause de l'indexation automatique des salaires. À partir de 2% d'inflation, les salaires des Belges augmentent eux aussi de 2%. Un coût important pour les chefs d'entreprise. "C'est un peu compliqué dans le sens où on est obligé de rogner sur nos marges, on obligé d'y mettre de notre poche pour pouvoir être compétitif", explique Fabrizio.
D'autant que les dépenses s'ajoutent. "Le prix du matif du blé a doublé entre l'année passée et cette année. Les huiles ont explosé et nous, au bout du compte, on doit supporter ces hausses de prix", précise-t-il.
Pour neuf entrepreneurs sur dix, le système actuel est intenable. C'est ce qui ressort d'une enquête de l'Association des indépendants flamands. Un constat aussi partagé par la directrice générale de la Fédération des entreprises belges : "On voit qu'il y a vraiment une panique et il y en a vraiment qui se demandent s'ils vont survivre avec tous les coûts auxquels ils sont confrontés." "Ce n'est même plus une question de faire des bénéfices, c'est une question de faire des pertes", raconte-t-elle.
L'indexation est calculée en fonction des prix du quotidien : l'énergie, l'immobilier, l'alimentation ou encore la santé. Mais le tabac, l'alcool ou le carburant sont exclus. Une prochaine indexation aura lieu d'ici l'été, avec le risque d'entrer dans une spirale inflationniste.