Le 5 novembre prochain, les Américains connaitront l'identité du 47e président des États-Unis. Après avoir remplacé Joe Biden il y a seulement quelques mois, la candidate du clan démocrate Kamala Harris avait réussi à passer devant son adversaire Donald Trump dans les sondages, mais à trois semaines du scrutin, l'ancien locataire de la Maison-Blanche a réussi à inverser la tendance dans certains états clés. Cette présidentielle américaine pourrait donc s'avérer extrêmement serrée, comme ce fut déjà plusieurs fois le cas dans l'histoire du pays, souvent en raison du système électoral si particulier outre-Atlantique.
Pour rappel, les citoyens votent pour des grands électeurs, qui forment un collège électoral de 538 personnes. Ces derniers sont plus ou moins nombreux dans les États en fonction du nombre d'habitants qui les composent et chaque candidat qui remporte un état remporte l'ensemble des grands électeurs qui le compose. Petit tour d'horizon des élections américaines les plus disputées de l'histoire étasunienne.
2000 : quand la Floride sème la panique
Il aura fallu près d'un mois pour que les Américains connaissent le vainqueur de l'élection présidentielle de 2000. Dans une opposition épique entre George W.Bush et Al Gore, c'est finalement la Cour suprême qui finira par trancher. Au soir du 7 novembre 2000, et alors que le score s'annonce très serré, le seul État qui n'arrive pas à dégager une tendance claire sur le vainqueur reste la Floride. À ce moment précis, Al Gore compte 255 grands électeurs, tandis que le candidat républicain 246. Les 25 grands électeurs de l'État de l'est s'annoncent donc déterminants pour obtenir les 270 synonymes de victoire finale.
Le premier résultat donne Bush vainqueur avec 537 voix d'avance, mais cette marge est si fine qu'un recompte est demandé par Al Gore. Après plusieurs jours d'incertitude, de manifestations et un climat politique tendu, la Cour suprême décide finalement d'arrêter le recompte manuel des bulletins avant que celui-ci ne soit terminé. Cette décision sera votée par cinq voix contre quatre. Officialisée le 12 décembre, elle indique que le recompte violait le 14ᵉ amendement de la Constitution américaine. Le dernier résultat connu était donc validé et c'est George Bush qui finit par rafler les 25 grands électeurs, et ce, pour seulement 537 voix.
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1876 : chaos et compromis
C'est peut-être le contentieux électoral le plus important de l'histoire américaine. À peine remis de la guerre de Sécession, le pays est dans une situation sociale et politique particulièrement complexe. Pour cette élection, deux candidats sont en lice : le républicain Rutherford B. Hayes et le démocrate Samuel J. Tilden. Le 7 novembre 1876, au soir de l’élection, le décompte est clair : le démocrate Tilden remporte largement la mise avec près de 260 000 voix de différence. Mais ce résultat ne plait pas du tout à certains États du sud comme la Louisiane ou la Caroline du Sud qui décident de remonter des résultats différents.
Le pays se déchire à nouveau et se trouve dans une impasse inédite. Un mois après l'annonce des résultats, une commission est mise en place pour trouver un compromis. Après des mois de discussions, le démocrate Samuel Tilden accepte de céder la victoire au candidat républicain Hayes, à la condition que ce dernier retire les troupes fédérales des États du sud. Les votes qui posaient un problème sont ainsi reportés au profit de Rutherford B. Hayes qui remporte donc l'élection avec 185 grands électeurs... contre 184 pour son adversaire.
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1960 : Kennedy, moins d'États, mais plus de grands électeurs
La jeunesse en avant toute. Alors que cette élection de 1960 a lieu sur fond de guerre froide, elle oppose deux jeunes candidats, à savoir le démocrate John Fitzgerald Kennedy, 43 ans, face à Richard Nixon, de quatre ans son aîné. Après une intense campagne, marquée notamment par le soutien décisif de Kennedy à Martin Luther King, le démocrate gagne l'élection avec une très faible avance (0.17%) au nombre de voix et devient ainsi le plus jeune président des États-Unis.
C'est la première fois qu'un candidat remporte le scrutin en étant arrivé en tête dans moins d'États que son adversaire (26 contre 23). Il avait néanmoins remporté près de 303 grands électeurs contre 219 pour Richard Nixon.