À 85 ans, dont 35 au pouvoir, Paul Biya, inamovible président du Cameroun, vient d'être réélu lundi pour un septième mandat, avec 71,28% des suffrages exprimés, a annoncé le président du Conseil constitutionnel, Clément Atangana.
Maurice Kamto deuxième. Maurice Kamto, candidat de l'opposition qui avait revendiqué la victoire au lendemain du scrutin du 7 octobre, est deuxième avec 14,23% des votes, a ajouté le président du Conseil constitutionnel, lors de la proclamation officielle des résultats à Yaoundé, retransmise à la télévision d'État. Cabral Libii arrive en troisième place à 6,28%.
Un raz-de-marée électoral. Vainqueur dans neuf des dix régions du Cameroun, Paul Biya a littéralement écrasé ses adversaires avec des scores officiels sans appel : 92,91% dans le Sud, 89,21% dans l'Éxtrême-Nord, 81,62% dans le Nord... Seule une région a échappé au raz-de-marée du président-candidat Biya : le Littoral, qui abrite la capitale économique, Douala, où Maurice Kamto a gagné avec 38,60% des suffrages. L'opposant a perdu dans l'Ouest, sa région d'origine, derrière Paul Biya.
Les résultats ne peuvent plus être contestés. L'annonce des résultats intervient deux semaines après le vote : au Cameroun, le Conseil constitutionnel étudie les recours post-électoraux avant de proclamer les résultats officiels quinze jours après le scrutin. Ils ne peuvent plus alors être contestés. Dimanche, une manifestation à Douala, souhaitée par un député de l'opposition pour "dénoncer les fraudes massives et honteuses" qui ont marqué le scrutin selon lui, avait été interdite et empêchée. Une trentaine de personnes ont été arrêtées sur les lieux.
Washington relève des irrégularités dans le scrutin
Les États-Unis ont estimé lundi que des irrégularités lors du scrutin présidentiel au Cameroun faisaient douter de la crédibilité de la victoire de Paul Biya, appelant toutes les parties à régler leurs différends par les voies légales. "Tout en saluant l'amélioration flagrante de la Commission électorale camerounaise par rapport aux élections de 2011, il y a eu un certain nombre d'irrégularités avant, pendant et après le vote du 7 octobre", a relevé Heather Nauert, porte-parole du département d'Etat, dans un communiqué. "Ces irrégularités ont pu ne pas affecter le résultat final mais ont créé une impression que l'élection n'était pas crédible ou vraiment libre et équitable", a-t-elle poursuivi.