Non, il n'y a pas que deux candidats à la présidence des États-Unis. Dans l'ombre d'Hillary Clinton et ses affaires d'e-mails et de Donald Trump et ses outrances, Gary Johnson, libertarien, Jill Stein, candidate du parti des Verts et Evan McMullin, candidat mormon entré tardivement dans la course ont tenté de se positionner comme des alternatives aux deux autres candidats.
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- Gary Johnson, le libertarien
Gary Johnson est le candidat du parti libertarien et un ancien républicain. Avant d'être indépendant, c'est sous cette étiquette qu'il fut gouverneur du Nouveau-Mexique entre 1995 et 2003. Ce consommateur assumé de cannabis de 63 ans, se dit pour la réduction de l'intervention du gouvernement fédéral, les baisses d'impôts, la restriction de l'intervention militaire à l'étranger, et la retraite à 72 ans. Sur les questions sociales, il est progressiste. Il est pour l'avortement et l'union civile des couples homosexuels. Il s'était déjà lancé dans la course à la Maison-Blanche en 2012. Il avait alors recueilli quelque 1,3 million de suffrages, le meilleur score de l'histoire pour un libertarien.
Des intentions de vote honorables. Fin août, Gary Johnson a frôlé les 9% d'intentions de vote dans les sondages. Un score honorable pour un parti marginal qui s'explique surtout par l'impopularité historique d'Hillary Clinton et de Donald Trump.
Quelques lacunes. A quelques heures du scrutin, il est davantage proche des 4 % d'intention de vote, selon le site Real Clear Politics. La raison ? Sûrement sa connaissance très imparfaite de la scène internationale. Interrogé en septembre sur la crise dans la ville syrienne d'Alep, il a demandé au journaliste qui l'interrogeait ce qu'était "Alep". Le 28 septembre, dans une nouvelle interview, ce diplômé de sciences politiques a été incapable de nommer le moindre dirigeant étranger. Après être resté une minute sans voix, il a tenté une pirouette : "Je crois que c'est ma minute Alep".
- Jill Stein, l'écolo
Jill Stein, c'est la candidate écologiste. Cette médecin de 66 ans propose de mettre en place "un Green New Deal", un plan pour l'emploi à la Frankin Roosevelt en s'appuyant sur les énergies renouvelables et l'agriculture durable. C'est aussi sa deuxième candidature à la Maison Blanche. En 2012, déjà sous la bannière verte, elle avait recueilli 0,5% des voix.
Une campagne inaudible. Elle rêvait elle aussi de profiter de l'impopularité des deux principaux candidats, mais à l'issue d'une campagne inaudible, la candidate du parti des Verts a été incapable d'incarner une troisième voie. Fin juin, elle recueillait environ 5% des intentions de vote. Après l'investiture d'Hillary Clinton par le parti démocrate, les militants de la gauche du parti, dont certains irréductibles supporteurs de Bernie Sanders, gonflaient encore ses rangs.
Autour de 2 %. Mais dans une campagne présidentielle qui a largement ignoré l'environnement et le changement climatique, elle a sombré rapidement à 2% des intentions de vote. Et le coup de grâce est probablement venu du président Barack Obama, qui a récemment déclaré que voter "pour un candidat tiers qui n'a aucune chance de gagner, cela revient à voter pour Trump".
- Evan McMullin, le mormon
Sérieux, discret, poli, Evan McMullin est l'exact opposé de Donald Trump. Ce mormon de 40 ans, ex-agent de la CIA se définit comme "le seul vrai conservateur de cette élection". Entré en campagne en août en tant qu'indépendant, il a choisi de n'être présent que dans certains États comme l'y autorise le système électoral américain. Et notamment l'Utah.
Une chance dans l'Utah. Et dans cet Etat rural, du centre-ouest des Etats-Unis, Evan McMullan talonne le magnat de l'immobilier. Les mormons votent d'ordinaire pour le parti républicain... sauf dans cette élection qui a vu l'un de leurs membres les plus illustres, Mitt Romney, ancien candidat à la présidence en 2012, dénoncer dans des termes très durs Donald Trump. "Ne laissons pas l'Utah revenir à Trump. Choisissez le camp des principes, de l'égalité quelle que soit votre race et religion", a-t-il déclaré lors d'un meeting à Salt Lake City.
Un caillou dans la chaussure des candidats ? Si Evan McMullin l'emporte, ce sera la première fois en près de 50 ans qu'un indépendant arrive en tête d'un Etat à la présidentielle. En cas de vote serré, il pourrait priver Trump comme Clinton des six grands électeurs de l'Utah et les empêcher de parvenir aux 270 nécessaires pour décrocher la Maison Blanche. Selon le 12e amendement de la Constitution, ce serait alors au Congrès de choisir le ou la président(e).