"Après cette soirée, le pays, si ce n'est le monde entier, saura qui est John Kasich". Cette petite phrase d’un supporter du candidat républicain a pris tout son sens mercredi matin, au lendemain du "super mardi". John Kasich, 63 ans, candidat républicain jusque là dans l'ombre dans la course à l’investiture, a raflé les 66 délégués de l’Ohio mardi soir, portant son nombre de délégués à 138.
S’il reste loin derrière Donald Trump (621 délégués) et Ted Cruz (395 délégués), John Kasick, gouverneur de l’Ohio, va profiter pleinement de l’abandon de Marco Rubio, quatrième candidat républicain, en étant désormais le seul candidat modéré du Grand Old Party. Il devient donc le choix le plus naturel pour les républicains traditionnels, qui ont vu leurs favoris s'effacer, de Jeb Bush à Marco Rubio.
John Kasick s’est toujours présenté comme un candidat responsable face à des adversaires qui rivalisent d'insultes. Les dirigeants du Parti républicain, peu enclins à voir Donald Trump accéder à l’investiture, cherchent à freiner l'ascension du milliardaire américain. Kasick pourrait être la solution.
Mitt Romney, candidat républicain de la présidentielle de 2012, s’est d’ailleurs déjà positionné sur la question. Il avait annoncé qu'il apporterait son soutien officiel à un candidat après ce "super mardi". En réalité, dès lundi, il a fait campagne avec John Kasich. John McCain, ancien candidat en 2008, s’est aussi rallié à lui, appelant les Américains à "réfléchir longuement à la personne qu'ils souhaitent avoir comme commandant en chef et leader du monde libre".
" Une défaite de Donald Trump est possible "
La candidature de John Kasich met en difficulté Ted Cruz. Le gouverneur du Texas était galvanisé par l'élimination de Marco Rubio, mais le maintien de John Kasich l'empêche de faire le plein de voix. "Chaque républicain a un choix simple", a déclaré le Texan Cruz, à Houston. "Deux campagnes seulement ont une chance plausible de gagner l'investiture : la nôtre et celle de Donald Trump". Pas sûr que les républicains l’entendent de cette manière. "Cette soirée de mardi pourrait être un tournant", a réagi à Cleveland, un supporter de Kasick, venu soutenir son gouverneur, ajoutant "qu'une défaite de Donald Trump est possible".
Cette course à trois se prolongera encore au moins plusieurs semaines. Le rythme des primaires va se ralentir : Arizona et Utah voteront le 22 mars, puis il faudra attendre le 26 avril, pour un nouveau "super mardi". Et si aucun candidat n'atteint le seuil des 1.237 délégués à la fin des scrutins en juin, l'investiture serait déterminée à la convention de Cleveland, en juillet, selon une procédure complexe qui pourrait entraîner une féroce bataille.