Ouissem Medouni a nié lundi avoir causé la mort de la jeune fille au pair Sophie Lionnet, française comme lui, décrivant devant la justice britannique une relation tumultueuse avec sa compagne et co-accusée de meurtre Sabrina Kouider, une personnalité dominante et instable selon lui. Avez-vous causé la mort de Sophie Lionnet ? "Non", a répondu l'accusé, 40 ans, interrogé par son avocat Orlando Pownall devant la cour criminelle de l'Old Bailey, à Londres. Le procès, entamé le 19 mars, avait jusqu'ici donné la parole à l'accusation, qui a décrit le calvaire vécu par la jeune fille de 21 ans originaire de Troyes, pendant les 20 mois qui ont précédé sa mort.
Une relation tumultueuse. S'exprimant en anglais sans l'aide d'un interprète, par des phrases courtes et d'une voix effacée, l'accusé a expliqué avoir rencontré Sabrina Kouider en 2001 à une fête foraine et obtenu son numéro de téléphone par un ami commun. Issu d'un milieu humble - il a grandi avec son père plombier dans la banlieue de Paris-, Ouissem Medouni étudiait alors l'économie à l'université, tout en travaillant à mi-temps. Après ses études, il a travaillé comme analyste financier, à Paris et à Londres. Rapidement, Ouissem Medouni et Sabrina Kouider ont entamé une relation qui durera jusqu'à leur arrestation, mais entrecoupée de plusieurs ruptures, en raison d'aventures amoureuses de sa compagne, a-t-il expliqué. Elle a eu deux enfants avec deux autres hommes, dont Mark Walton, fondateur irlandais du boys band "Boyzone" en 1993.
Tentatives de suicide et adultère. A la question de savoir qui dominait dans leur relation, l'accusé a répondu : "Elle". Selon lui, elle pouvait avoir "des hauts et des bas en l'espace de quelques secondes" et a fait plusieurs tentatives de suicide. "Au cours des dernières années elle criait tous les matins pour rien", l'accusant notamment d'adultère - indûment d'après lui. Ouissem Medouni s'est lui-même décrit comme "généreux, travailleur, dévoué et ambitieux" et "jamais" violent envers sa compagne. Malgré tout, il est toujours revenu vers elle. "Je l'aime", a-t-il répondu, en précisant que c'était encore le cas. Les deux accusés plaident non coupable pour le chef d'accusation de meurtre. Ils ont en revanche plaidé coupable d'entrave à la justice pour avoir tenté de se "débarrasser" du corps "en le brûlant". Le procès doit se poursuivre jusqu'au 11 mai.