Proche-Orient : le Hezbollah revendique des tirs de roquettes près de Haïfa, plus de 60 blessés

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avec AFP // Crédit photo : Jalaa MAREY / AFP
Le Hezbollah a revendiqué une attaque de drones sur une base militaire qui a fait plus de 60 blessés dans le secteur. Le Liban a de son côté annoncé que 51 personnes avaient été tuées la veille dans des frappes israéliennes, portant à plus de 1.300 les morts dans le pays. 

Le Hezbollah a revendiqué dimanche une attaque de drones sur une base militaire du nord d'Israël, qui a fait plus de 60 blessés dans le secteur, au moment où il mène des combats rapprochés au Liban avec l'armée israélienne, qui intensifie ses frappes aériennes contre la formation pro-iranienne. Le ministère libanais de la Santé a annoncé dimanche que 51 personnes avaient été tuées la veille dans des frappes israéliennes, portant à plus de 1.300 les morts au Liban depuis que le Hezbollah et Israël sont entrés en guerre ouverte le 23 septembre, selon un décompte de l'AFP.

Les services de secours israéliens ont annoncé que plus de 60 personnes ont été blessées dans la zone où le Hezbollah a dit avoir lancé "une escadrille de drones explosifs sur un camp d'entraînement" militaire au sud de Haïfa, la grande ville du nord d'Israël, dédiant cette attaque à son ex-chef, Hassan Nasrallah, assassiné le 27 septembre par une frappe israélienne près de Beyrouth. Le mouvement libanais a dit combattre en fin d'après-midi "à l'arme automatique" et avec des "roquettes" des soldats israéliens dans au moins quatre villages frontaliers d'Israël, et avoir tendu une embuscade à des soldats qui tentaient de s'infiltrer, l'armée israélienne faisant état de "combats face à face".

Il a diffusé un ancien enregistrement sonore d'Hassan Nasrallah où il galvanise des combattants en manœuvre. L'armée a, elle, annoncé pour sa part avoir capturé un combattant du Hezbollah dans un tunnel dans le sud du Liban, une première depuis qu'elle y a lancé une offensive terrestre le 30 septembre. Après avoir affaibli le Hamas palestinien à Gaza, Israël a déplacé le front de la guerre au Liban, disant vouloir permettre le retour dans le nord d'Israël de quelque 60.000 habitants, déplacés par les tirs de roquettes menés depuis un an par le Hezbollah en soutien au Hamas. Israël ne permettra pas au Hezbollah de retourner dans les zones frontalières, même après le retrait de ses soldats, a affirmé dimanche son ministre de la Défense, Yoav Gallant.

"Tout a été détruit (...) comme si un séisme avait ravagé le marché"

Selon l'agence de presse officielle libanaise ANI, l'aviation israélienne a aussi intensifié depuis minuit ses frappes sur des villages du sud, après avoir frappé samedi soir un marché de la ville de Nabatiyeh. "Tout a été détruit (...) comme si un séisme avait ravagé le marché", témoignait dans la matinée pour l'AFP au milieu des décombres fumants un habitant, Tareq Sadaq. Nabatiyeh figure parmi les localités de la région dont l'armée israélienne appelle régulièrement les habitants à évacuer vers le nord.

 

La Croix-Rouge libanaise a fait état de plusieurs secouristes blessés dimanche dans une frappe dans le secteur, et l'armée libanaise de trois soldats blessés par des "frappes israéliennes". L'ONU a recensé près de 700.000 déplacés depuis qu'Israël a commencé le 23 septembre à pilonner les bastions du Hezbollah dans le sud et l'est et la banlieue sud de Beyrouth. 

La force de paix de l'ONU au Liban, Finul, a pour sa part dénoncé des "violations choquantes" israéliennes contre ses positions, après avoir fustigé vendredi des tirs israéliens "répétés" les visant dans le sud du Liban, levant un tollé diplomatique. Elle a décrit une entrée "en force" dans la matinée de deux chars israéliens dans une de ses positions, avant des tirs ayant "provoqué une fumée" qui a déclenché "des irritations cutanées et réactions gastro-intestinales chez 15 Casques bleus".

L'armée a indiqué qu'un de ses chars "qui tentait d'évacuer des soldats blessés" a "percuté un poste de la Finul". Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, avait auparavant exhorté l'ONU à retirer "tout de suite" la Finul des zones de combats. Son homologue italienne, Giorgia Meloni, dont le pays fournit le plus d'effectifs à la Finul, lui a répété qu'"attaquer" cette force était "inacceptable".

Entretien Macron-Pezeshkian 

La guerre au Liban et celle de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, se doublent d'une escalade entre l'Iran et Israël, dont les dirigeants menacent de riposter à une attaque iranienne de missiles le 1er octobre. Le Pentagone a annoncé dimanche le déploiement en Israël d'un système américain de défense antimissiles à haute altitude THAAD en soutien à l'allié israélien contre Téhéran.

L'Iran est "totalement prêt à faire face à une situation de guerre", a averti dimanche son chef de la diplomatie, Abbas Araghchi. Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a discuté dimanche par téléphone avec son homologue français Emmanuel Macron de la façon de garantir un "cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël" et de "mettre fin au génocide (...) à Gaza et au Liban", selon un communiqué de ses services. Emmanuel Macron lui a souligné "la responsabilité de l'Iran à soutenir une désescalade générale", selon la présidence française.

 

"Plus d'espoir" à Jabalia 

Dans la bande de Gaza dévastée et assiégée, l'armée israélienne poursuit l'offensive qu'elle a relancée dans le nord, où elle accuse le Hamas de chercher à reconstituer ses forces. "Il y a énormément de morts et des personnes encore sous les décombres", témoigne pour l'AFP Mouhammad Abou Halima, 40 ans, dans la ville de Jabalia pilonnée et encerclée. "Depuis plus d'une semaine, il n'y a plus d'espoir, plus d'eau et plus de moyens de subsistance".

L'armée a indiqué dimanche avoir éliminé des "dizaines" de combattants dans le secteur, où plus de 400.000 personnes sont prises en étau, selon l'ONU. L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité à Gaza. Au moins 42.227 Palestiniens ont été tués, majoritairement des civils, dans l'offensive de représailles israélienne à Gaza, selon les données du Hamas, jugées fiables par l'ONU.