Quelque 10.000 personnes ont participé dimanche à Paris à un rassemblement contre la candidature du président Bouteflika à un cinquième mandat en Algérie, a indiqué la préfecture de police.
Outre celui organisé dans la capitale, des rassemblements ont aussi eu lieu à Marseille et Bordeaux. Dimanche dernier à Paris, une manifestation identique avait réuni 6.000 personnes, selon la préfecture de police.
Ambiance bon enfant à Paris. Souvent revêtus de drapeaux algériens, les manifestants, réunis sur la place de la République dans le centre de Paris, scandaient "Pouvoir assassin" ou "Système dégage" dans une ambiance bon enfant, faite de youyous des femmes et de stands à merguez et brochettes. "Mettons le FLN au musée", "un seul héros, le peuple", "pour une rupture radicale avec le système" pouvait on lire sur les banderoles et pancartes, certaines portées sur la statue de la République.
"La lumière est au bout du tunnel". "Il faut dégager le système", lâche Ahmed Eddaidj, un étudiant de 24 ans en France depuis quatre ans. "J'aimerais bien retourner en Algérie mais il n'y a pas de travail. On cherche une vie meilleure," dit le jeune homme, un drapeau algérien noué autour du front. "La lumière est au bout du tunnel : l'élection ne pourra pas avoir lieu. Un gouvernement provisoire sera mis en place pour organiser un scrutin vraiment démocratique", croit Kader, 49 ans, drapeau algérien sur les épaules, manifestant à Marseille parmi un millier d'autres.
"4 + 1 = 0". Exigeant "une Deuxième République pour mettre fin à la royauté du régime algérien en place", ces Algériens ou Français d'origine algérienne résumaient la situation en une équation: "4 + 1 = 0. Dégage", griffonnée au feutre sur un bout de carton.
À Marseille, les manifestants bloqués à proximité du consulat. Les manifestants ont été bloqués par les forces de l'ordre non loin du consulat d'Algérie à Marseille, faisant fuser des "Macron complice, la France soutien d'un pouvoir assassin". "Le cinquième mandat de Bouteflika, c'est juste la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Les gens sont sortis (dans la rue) à cause d'années de marasme social, d'austérité. Et ils sont en train de briser la peur", résume Abderrahim, la trentaine, manifestant à Bordeaux avec quelque 300 autres personnes.
"Le mouvement (en Algérie) ne lâchera pas, et n'a pas peur car il donne une leçon de civisme. Le pouvoir en Algérie a toujours utilisé un dérapage pour répondre avec du sang. Là on ne casse pas, on ne prend pas les armes, on distribue des fleurs", déclare à l'AFP Abderazak, 67 ans, retraité. L'annonce mi-février d'une candidature à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans et très affaibli par un AVC survenu en 2013, a engendré un mouvement de contestation inédit en Algérie. Vendredi, des centaines de milliers d'Algériens sont descendus dans les rues des grandes villes.
760.000 immigrés algériens en France. En France, des manifestations régulières ont également été organisées. Quelque 6.000 personnes ont ainsi manifesté à Paris le week-end dernier, selon la préfecture de police, et un millier à Marseille. En tout, 760.000 immigrés algériens vivent en France, selon l'Institut national français de la statistique (Insee). Ils sont 1,7 million si on y ajoute leurs enfants nés en France.