Peut-on diriger une armée en guerre sans aucune expérience militaire ? Voilà l’épineuse question à laquelle va devoir répondre Andreï Belooussov. Quelques jours après son investiture pour un cinquième mandat, Vladimir Poutine a décidé de limoger son fidèle ministre de la Défense Sergueï Choïgou, en poste depuis 2012. Un remaniement surprise qui voit Andreï Belooussov, économiste de formation, prendre la tête d’une armée en pleine offensive militaire en Ukraine, dans la région de Kharkiv.
Âgé de 65 ans, Andreï Belooussov a la lourde tâche de remplacer une figure bien connue à l'international. Titulaire d’un diplôme d’économie à l’université d’État de Moscou en 1981, il adopte un penchant pour le libéralisme à la fin des années 1990. En plus de ses connaissances dans ce domaine, Andreï Belooussov est aussi un mathématicien reconnu. De 1981 à 1986, il est chercheur stagiaire puis junior au laboratoire de simulation de systèmes homme-machine de l'Institut central de mathématiques économiques. De 1991 à 2006, Andreï Belooussov assure la direction du laboratoire à l'Institut de prévision économique de l'Académie russe des Sciences.
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Un habitué de la politique Russe
Durant cette période, l’économiste commence sa carrière dans la politique. Selon l’agence Reuters, Andreï Belooussov est nommé "conseiller hors personnel du Premier ministre russe en 2000". Six ans plus tard, ses expertises lui permettent d’intégrer le ministère de l’Économie en tant que vice-ministre. Son ascension continue, lorsqu'il devient, en 2008, directeur du département de l’Économie et des finances de l’appareil gouvernemental. Un poste qu’il occupera pendant quatre ans en lien direct avec Vladimir Poutine alors Premier ministre.
Un proche de Vladimir Poutine
En 2012, Andreï Belooussov devient une figure connue du monde politique russe grâce à sa nomination comme ministre de l’Économie. Il reste moins d’un an à ce poste, mais demeure actif auprès de Vladimir Poutine. De 2013 à 2020, il devient le conseiller auprès du chef du Kremlin. Un poste qu’il quitte après sa nomination comme vice-premier ministre. Lors de ces années en politique, l’homme a réussi à gagner l’oreille de Vladimir Poutine. Selon le média russe RBC, il aurait été l’un des responsables qui ont convaincu l'ancien membre du KGB de prendre le tournant du numérique pour l'économie du pays.
Un besoin d'innovation
Malgré son expérience de la politique russe, la nomination d’un homme sans bagage militaire au poste de ministre le Défense d’un pays en guerre peut poser question. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui justifié cette décision par un besoin venant directement du front. "Aujourd'hui, sur le champ de bataille, celui qui l'emporte, c'est celui qui est le plus ouvert à l'innovation", a-t-il affirmé. Pour Vladimir Poutine, "le ministère de la Défense doit être absolument ouvert à l'innovation, à l'introduction de toutes les idées avancées, à la création des conditions de la compétitivité économique", a-t-il ajouté.
À noter que Valéri Guerassimov, chef d'état-major, garderait sa mission de commandant sur le terrain. Andreï Belooussov n'empiètera pas sur ses fonctions.