Une centrale à charbon rejette du dioxyde de carbone dans l'air, principal gaz à effet de serre (Illustration) 1:37
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Damien Mestre, édité par Manon Bernard
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a rendu lundi un rapport alarmant sur l’avancée du réchauffement climatique. Il alerte sur nos émissions de gaz à effet de serre et appelle à les réduire considérablement, très rapidement. Mais certains pays n’entendent pas suivre les conseils des experts de l’Onu. À commencer par l’Australie.
DÉCRYPTAGE

Les conclusions du nouveau rapport du Giec sont sans appel : il faut réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, le plus rapidement possible, pour éviter une catastrophe majeure dans les prochaines années. Les chiffres et les cinq scénarios dévoilés par les experts internationaux sont glaçants. Pourtant, certains dirigeants de premier plan ont déjà annoncé qu'ils ne comptaient pas vraiment y prêter attention. En Australie, par exemple, le Premier ministre, régulièrement taxé de climato-sceptique par ses opposants, n'a visiblement pas l'intention de fixer d'objectifs pour lutter contre le changement climatique.

"Nous faisons notre part"

"L'Australie fait partie de la solution. Nous faisons notre part." Tels sont les premiers mots de Scott Morrison, quelques heures à peine après la publication du rapport du Giec, lundi. Le Premier ministre conservateur australien a refusé mardi de fixer des objectifs plus ambitieux en matière de réduction des gaz à effet de serre. "En l’absence de projets, je ne signerai pas un chèque en blanc au nom des Australiens afin d’atteindre ces objectifs", a-t-il tranché à quelques mois de la COP26 à Glasgow.

Pourtant, le pays d’Océanie est l’un des plus gros exportateurs d'énergie fossile dans le monde. Sa croissance économique est tirée par l'extraction du charbon, depuis près de 50 ans. Ses ressources sont exportées vers des pays asiatiques, à qui le Premier ministre renvoie aujourd'hui la responsabilité. "Nous ne pouvons pas ignorer le fait que les émissions de la Chine sont supérieures à celles de tous les pays de l'OCDE réunis", se défend Scott Morrison.

"Nos dirigeants n'écoutent pas le peuple de ce pays"

La position du pays est tout de même contradictoire : l'Australie est un des pays en première ligne face aux catastrophes naturelles. "Les Australiens ont subi de terribles incendies qui ont détruit le pays. Ils assistent à la disparition de la grande barrière de corail… Mais nos dirigeants n'écoutent pas le peuple de ce pays", déplore David Ritter, le porte-parole de Greenpeace dans le pays.

Afin de lutter contre le dérèglement climatique, Scott Morrison présente tout de même une solution : les innovations technologiques. "Nous devons adopter une approche différente. Nous devons nous concentrer sur les avancées technologiques nécessaires pour changer le monde et notre mode de fonctionnement", a déclaré le Premier ministre australien.

Pour ses opposants, il s’agit là d’un moyen de faire diversion pour préserver les intérêts économiques du pays, notamment les liens étroits que certains membres du gouvernement entretiendraient avec l'industrie du charbon.