A l'issue d'une enquête de deux ans, le procureur spécial Robert Mueller a conclu à l'absence d'éléments prouvant une entente ou une coordination entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie lors de la présidentielle de 2016. Ces conclusions, rendues publiques dimanche par le ministre de la Justice Williams Barr, constituent une incontestable victoire pour le président américain qui répétait depuis des mois qu'il n'y avait aucune "collusion". Elles éclaircissent son horizon dans la perspective de l'élection de 2020.
Donald Trump se dit "totalement" disculpé
"Les investigations du procureur spécial n'ont pas déterminé que l'équipe de campagne Trump ou qui que ce soit associé à celle-ci se soit entendu ou coordonné avec la Russie dans ses efforts pour influencer l'élection présidentielle américaine de 2016", a indiqué William Barr dans un courrier de quatre pages transmis eu Congrès et rendu public dans la foulée.
Quelques instants plus tard, Donald s'est dit "totalement" disculpé. "Pas de collusion, pas d'obstruction, DISCULPATION complète et totale. GARDONS SA GRANDEUR A L'AMERIQUE!", a tweeté M. Trump, resté silencieux jusqu'ici pendant la majeure partie du week-end. Il a qualifié l'enquête russe d'"entreprise de démolition illégale qui a échoué".
"Honnêtement, c'est une honte que votre président ait eu à subir cela, qui a commencé avant même que j'aie été élu", a-t-il ensuite déclaré avant de quitter la Floride à bord de l'avion présidentiel Air Force One.
No Collusion, No Obstruction, Complete and Total EXONERATION. KEEP AMERICA GREAT!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 24 mars 2019
Pas de conclusion définitive sur une éventuelle entrave à la justice
Sur l'autre question centrale de ce dossier, une éventuelle entrave à la justice de la part du président américain, Robert Mueller n'a pas livré de conclusion définitive. "Si ce rapport ne conclut pas que le président a commis un crime, il ne l'exonère pas non plus", a-t-il écrit, cité par le ministre de la Justice.
Mais Bill Barr, premier destinataire du rapport d'enquête tant attendu, conclut de son côté que le document, qu'il a revu depuis vendredi, ne mentionne aucun délit susceptible d'entraîner à son avis des poursuites judiciaires sur le fondement de l'entrave à la justice.
Robert Mueller a mis un terme à ses investigations à l'issue d'une enquête de 675 jours sur laquelle très peu d'éléments ont fuité mais qui a tenu le pays en haleine, rappelant celle du Watergate qui a poussé Richard Nixon à la démission en août 1974.
Les démocrates ne baissent pas les bras
Image forte : le discret et méthodique ancien patron du FBI s'est rendu dimanche matin à l'église épiscopalienne Saint Johns, située juste en face de la Maison-Blanche. Il a brièvement souri aux photographes, sans dire un mot. Comme pour préparer le terrain à l'absence de révélations fracassantes, certains élus démocrates s'étaient employés dimanche à souligner les limites de l'enquête menée par l'ancien patron du FBI.
"Le procureur spécial enquêtait dans un cadre restreint (...) Ce que le Congrès doit faire, c'est avoir une vue d'ensemble", a souligné sur CNN Jerry Nadler, président démocrate de la puissante commission judiciaire de la Chambre des représentants.
Forts de leur nouvelle majorité à la Chambre, les démocrates ont lancé plusieurs enquêtes parlementaires allant des soupçons de collusion avec Moscou aux paiements pour acheter le silence de maîtresses supposées en passant par d'éventuelles malversations au sein de l'empire Trump.
Les alliés de Trump crient victoire
Certains alliés du milliardaire républicain criaient eux déjà victoire avant même la diffusion du rapport, voyant dans le fait que le procureur Mueller n'ait pas recommandé de nouvelles inculpations à l'issue de ses investigations la preuve qu'il n'y a aucune "collusion". De fait, ce chef d'inculpation n'a jamais été retenu pour les 34 personnes mises en cause dans ce dossier, parmi lesquelles six proches collaborateurs de Trump.
L'enquête a notamment entraîné la spectaculaire déchéance judiciaire de son ex-chef de campagne, Paul Manafort, ou encore de son ex-avocat personnel, Michael Cohen, tous deux condamnés à la prison pour des malversations diverses et des déclarations mensongères.
"Jusqu'ici, le rapport Mueller était la référence absolue. Il allait être la planche de salut des démocrates et allait détruire le président Trump", a ironisé le sénateur du Texas Ted Cruz, devenu depuis quelques mois un farouche défenseur de Donald Trump. "Aujourd'hui, on voit déjà les démocrates changer de discours et dire : 'Il faut faire d'autres investigations.'" "Les preuves ne les intéressent pas", a-t-il poursuivi sur CNN. "Ce qu'ils disent de fait c'est qu'ils vont destituer le président parce qu'il est Donald Trump..."