Des "doutes subsistent" sur le résultat de l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) après la proclamation définitive de Félix Tshisekedi comme président par la Cour constitutionnelle, a affirmé dimanche l'Union européenne.
"Des doutes subsistent sur la conformité du résultat" du scrutin du 30 décembre, a estimé un porte-parole de l'UE, appelant les parties à s'abstenir de toute violence et à coopérer avec la délégation de l'Union africaine attendue lundi à Kinshasa.
Appel à des rassemblement pacifiques. La Cour constitutionnelle a validé tels quels les résultats de la Commission électorale (Céni) donnant Felix Tshisekedi vainqueur avec 38,5% des voix, devant Martin Fayulu (34,8%) et le candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary (23%). Martin Fayulu avait aussitôt appelé la communauté internationale à "ne pas reconnaître un pouvoir qui n'a ni légitimité ni qualité légale", se proclamant "le seul président légitime". Il a incité ses compatriotes à organiser "des manifestations pacifiques" sur tout le territoire. Si son appel n'a pas semblé être entendu dimanche matin, il faudra attendre un peu plus longtemps pour savoir s'il sera suivi ou non.
"Putsch électoral". Martin Fayulu a dénoncé un "putsch électoral" du président sortant avec la "complicité" de Felix Tshisekedi et revendiqué la victoire avec 61% des voix. Les estimations de l'influente Église catholique et celles du Groupe des experts sur le Congo (GEC) de l'université de New York, à partir de documents qui auraient fuité de la Céni, lui donnent aussi la victoire avec environ 60% des voix.
Une première transmission pacifique du pouvoir depuis 1960. Le calme régnait aussi à Béni et Butembo, dans l'est, où l'élection présidentielle a été annulée en raison de l'épidémie d'Ebola et de massacres de civils, ainsi qu'à Goma plus au sud. Aucun incident n'a été signalé, pas même à Kikwit, dans l'ouest, l'un des fiefs de Martin Fayulu, où un important déploiement policier avait été observé samedi soir. Felix Tshisekedi, 55 ans, succède à Joseph Kabila, 47 ans, au pouvoir depuis l'assassinat de son père Laurent-Désiré en janvier 2001. C'est la première transmission pacifique du pouvoir depuis l'indépendance de la RDC le 30 juin 1960. Il devra cohabiter avec un Premier ministre issu de l'actuelle majorité pro-Kabila, qui a obtenu une vaste majorité (337 sièges sur 500) à l'Assemblée nationale d'après la Commission électorale.
"Le 22 (janvier) il y aura probablement prestation de serment, le gouvernement va démissionner et l'Assemblée nationale fera sa rentrée", a dit le porte-parole du gouvernement Lambert Mende sur le site d'information actualité. Le rejet du recours de Martin Fayulu contestant les résultats de la Céni et réclamant un recomptage des voix, est sans surprise, car elle est largement considérée comme acquise au président Kabila.