La Russie a-t-elle évité une guerre civile ? Samedi soir, après une journée sous haute tension, le groupe paramilitaire Wagner a finalement quitté la ville de Rostov, dans le sud-ouest du pays et prise le matin même. Tout au long de la journée, les mercenaires se sont rapprochés de Moscou mais Evguéni Prigojine a accepté de retirer ses troupes après une médiation menée par le président biélorusse Alexandre Loukachenko. Une rébellion d'une journée qui a déstabilisé le pouvoir russe.
"Les Russes n'avaient pas l'intention de s'opposer à Wagner"
Pour François de Labarre, grand reporter à Paris Match et spécialiste de Wagner, le fait qu'Evguéni Prigojine ait finalement fait volte-face pour "éviter un bain de sang" n'est pas étonnant. "Ce n'est pas surprenant qu'il n'y ait pas eu de guerre civile car depuis le départ, les Russes n'avaient pas l'intention de s'opposer à Wagner. On a vu des images à Rostov, où la population russe donnait de la nourriture aux mercenaires de Wagner, et les soldats (russes) n'ont pas tiré une seule balle contre Wagner. Il y a eu des échanges de feu, mais le début de guerre civile n'a pas eu lieu."
Une situation assez prévisible, selon le journaliste. "Il s'agit d'une guerre de clans entre plusieurs personnes au pouvoir et pas d'une guerre civile au sein de la population et de la population russe. Donc ça s'est réglé, comme on aurait pu le prévoir, avec des négociations dont on ne connaît pas le détail", rappelle François de Labarre au micro d'Europe 1.
Si, pour François de Labarre, il faut "se réjouir qu'un chef de guerre d'une milice comme Wagner" ne soit pas parvenu à "prendre le pouvoir en Russie", tous les regards se tournent désormais vers Vladimir Poutine. La présidence ukrainienne a d'ailleurs immédiatement pointé du doigt la "faiblesse" du dirigeant russe "humilié par Prigojine".
"Poutine s'est montré véritablement affaibli"
"La vraie question est : quel avenir pour la Russie et quel avenir pour Poutine ?", analyse le grand reporter à Paris Match au micro d'Europe 1. "Poutine s'est montré véritablement affaibli, comme il ne l'a jamais été, et son armée montre qu'elle ne tient plus et qu'il est obligé de reprendre la main. En a-t-il le pouvoir aujourd'hui ? Probablement pas. Est-il capable de lutter contre la corruption ? Est-il capable de faire cette mobilisation qu'il a promise pour répliquer à la contre-offensive ukrainienne ? Tout ça laisse un grand point d'interrogation", note François de Labarre.
Quoi qu'il en soit, cette journée de rébellion pourrait avoir des conséquences sur les suites de la guerre en Ukraine. Kiev, qui a lancé depuis plusieurs semaines une contre-offensive, "va pouvoir reprendre du territoire puisqu'elle sent qu'en face d'elle, l'armée n'est plus capable de tenir face à l'offensive qu'elle a menée depuis quelques jours", conclut le grand reporter.