Référendum en Turquie : le camp Erdogan revendique la victoire du oui, l'opposition dénonce des manipulations

Turquie
Le camp du "oui" célèbre sa victoire dimanche soir à Istanbul. © OZAN KOSE / AFP
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avec agences , modifié à
Le "oui" l'emporte à 51,34% au référendum sur la réforme de la Constitution en Turquie, après dépouillement des bulletins de 99% des urnes.

Le camp du président turc a revendiqué dimanche soir la victoire du "oui" au référendum sur une réforme constitutionnelle renforçant considérablement les pouvoirs présidentiels. Le oui l'emporte avec 51,34% des suffrages dépouillés dans la quasi-totalité des bureaux de vote. Toutefois, l'opposition a dénoncé des "manipulations" durant le scrutin et annoncé son intention de contester les résultats. Cette réaction fait suite à la décision du Conseil électoral de valider les bulletins de vote qui ne comportaient pas le tampon officiel. 

Les trois infos principales à retenir :

  • Le "oui" l'emporte au référendum turc avec 51,34% des suffrages sur la quasi-totalité des bureaux de vote
  • Deux partis d'opposition ont indiqué leur volonté de contester les résultats
  • L'opposition dénonce la validité des bulletins de vote qui ne comportent pas le tampon officiel

Le "oui" gagnant à une courte majorité. Le oui l'emporte au référendum turc avec 51,34% des suffrages, après le dépouillement de 99% des urnes, selon l'agence de presse pro-gouvernementale Anadolu. La victoire du oui a été confirmée par le Haut-Conseil électoral (YSK). Au cours d'une conférence de presse, le chef de l'YSK a affirmé que le "oui" devançait le "non" de quelque 1,25 million de voix, avec seulement 600.000 bulletins de vote qui restent à dépouiller, ajoutant que le résultat définitif serait annoncé "d'ici à 11 ou 12 jours".

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Une victoire en demi-teinte. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a salué dimanche soir une "décision historique" en revendiquant la victoire du oui, et appelé les pays étrangers à "respecter" cette décision. "La Turquie a pris une décision historique au sujet de son système de gouvernance", a-t-il déclaré lors d'un discours à Istanbul. "Nous voulons que les organisations et les pays étrangers respectent la décision de notre nation", a-t-il ajouté, alors que l'opposition turque conteste le résultat du scrutin.

Le président turc recherchait à travers ce référendum un plébiscite. Mais en dépit de la victoire annoncée du "oui" dans l'ensemble du pays, le camp du "non" l'a emporté dans les trois principales villes, Istanbul, Ankara et Izmir. Les régions peuplées en majorité de Kurdes du Sud-Est ont aussi massivement voté contre l'accroissement des prérogatives du chef de l'État. Au total, quelque 55,3 millions de Turcs étaient appelés au urnes dimanche. 

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 À Istanbul dimanche soir, les partisans du président turc célèbrent la victoire du oui. Crédit : OZAN KOSE / AFP

L'opposition dénonce des "manipulations". Les deux principaux partis d'opposition au président turc ont dénoncé des "manipulations" au cours du référendum. Le principal parti d'opposition, le CHP (social-démocrate), a annoncé par la voix de l'un de ses cadres qu'il allait contester les bulletins provenant de près de 37% des urnes au moins. Par ailleurs, le deuxième parti d'opposition, le HDP, a fait savoir qu'il allait contester les votes provenant des "deux tiers" des urnes.

"Les données qui nous parviennent indiquent qu'il y a une manipulation de l'ordre de trois à quatre points de pourcentage", a affirmé le HDP sur Twitter. Le CHP et le HDP ont vivement dénoncé une mesure annoncée à la dernière minute par le Haut-Conseil électoral, celle de considérer comme valides les bulletins ne comportant pas le tampon officiel du bureau de vote dans lequel ils ont été glissés dans l'urne. Le leader du CHP a déclaré que les autorités avaient ainsi "rendu sujet à débat la légitimité du référendum", et "jeté une ombre sur la décision de la nation".

Une réforme qui divise 
La révision constitutionnelle soumise au vote des Turcs dimanche prévoit le transfert du pouvoir exécutif au président, la suppression de la fonction de Premier ministre, et pourrait permettre à Recep Tayyip Erdogan de rester au pouvoir au moins jusqu'en 2029. Pour Recep Tayyip Erdogan, 63 ans, cette mesure est nécessaire pour doter la Turquie d'un exécutif fort et stable au moment où le pays affronte des défis économiques et sécuritaires majeurs. Mais ses détracteurs dénoncent un texte rédigé sur-mesure pour satisfaire les ambitions de Recep Tayyip Erdogan, accusé de dérive autoritaire, notamment depuis un putsch qui a failli le renverser en juillet.

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