Le chef de l'armée birmane et 12 autres haut gradés, responsables d'une "offensive systématique et orchestrée" contre les musulmans rohingyas, doivent être poursuivis pour crimes contre l'humanité, a estimé mercredi Amnesty international, demandant que la Cour pénale internationale soit saisie. "Le déferlement de violence de la part des forces de sécurité (...) - meurtres, viols, actes de torture, destruction par le feu et famine induite - n'est pas le fait de quelques soldats ou unités livrés à eux-mêmes", a estimé Matthew Wells, d'Amnesty International.
"Offensive systématique et parfaitement orchestrée". "Une foule d'éléments tendent à prouver que ces actes s'inscrivent dans le cadre d'une offensive systématique et parfaitement orchestrée contre la population rohingya", a-t-il ajouté. Entre août et décembre 2017, plus de 700.000 Rohingyas ont fui une offensive de l'armée birmane lancée en représailles d'attaques de poste de frontières par des rebelles rohingyas. Ils ont trouvé refuge au Bangladesh où ils vivent depuis dans d'immenses campements de fortune.
Un "nettoyage ethnique" pour l'ONU. L'ONU condamne un "nettoyage ethnique" et réclame la fin des opérations militaires, un accès sans entrave pour une aide humanitaire et le retour des Rohingyas dans leur région d'origine. Pour ce rapport de 186 pages, l'ONG a interrogé plus de 400 témoins entre septembre 2017 et juin 2018 au Bangladesh et en Birmanie. Elle apporte de nouvelles informations concernant la hiérarchie militaire birmane et le déploiement des troupes, ainsi que sur les arrestations, les disparitions forcées et les actes de torture...
"Unités de combat les plus redoutables". D'après Amnesty, le haut commandement militaire a placé en première ligne ses "unités de combat les plus redoutables", connues avoir déjà perpétré des exactions. Une décision qui "a eu des conséquences catastrophiques pour la population rohingya", écrit l'ONG. Elle rappelle par ailleurs que le chef de l'armée Min Aung Hlaing et d'autres responsables se sont rendus en personne dans la région, avant et pendant la campagne de nettoyage ethnique, afin de superviser une partie des opérations.
Sanctions de l'Union européenne et du Canada. Ce rapport est publié quelques jours après l'annonce de sanctions de la part de l'Union européenne et du Canada visant sept hauts responsables birmans chargés de la sécurité, responsables à leurs yeux de graves violations des droits de l'homme contre les Rohingyas. Quelques heures après, la Birmanie a annoncé que l'un de ses généraux, cités par l'Union européenne et le rapport d'Amnesty, avait été renvoyé. Toutefois l'armée birmane ne faisait aucune mention des sanctions.