C'est un rapport cinglant qu'ont remis vendredi plusieurs historiens à Emmanuel Macron. Selon ce document, la politique de la France au Rwanda entre 1990 et 1994, menée par un président et son entourage "aveuglés idéologiquement", a été une "faillite" et porte des responsabilités "accablantes" dans le génocide des Tutsi. Salué comme un "pas important vers une compréhension commune du rôle de la France" par Kigali, le rapport "marque une avancée considérable" pour comprendre l'engagement français au Rwanda, a de son côté estimé le chef de l'Etat français.
Mais sur Europe 1, le colonel Jacques Hogard, qui commandait le groupement de l'opération Turquoise à l'été 1994, regrette que l'armée française doive aujourd'hui faire face à des insultes quotidiennes.
"Une agression permanente"
"Je suis rentré extrêmement fier de la mission que j'avais remplie au Rwanda, mais très frustré parce qu'elle n'avait duré que deux mois et que la situation n'était pas réglée et risquait de repartir de plus belle. C'est ce qu'il s'est passé", confie-t-il au micro d'Europe 1. "J'avais le sentiment d'avoir fait humainement un travail extraordinaire avec mes hommes."
Aujourd'hui, le colonel déplore l'impact de ces accusations sur les soldats présents sur place à l'époque. "On a le sentiment d'être incompris", regrette-t-il. "Je me fais traiter de génocidaire sur les réseaux sociaux, comme si je pouvais quelque chose au génocide. C'est insupportable. C'est une agression permanente, et je la vis tous les jours de ma vie."
"C'est le passif, pour nous, militaires français, avec ce régime", conclut Jacques Hogard, "tout simplement parce qu'à une époque, le gouvernement français faisait la guerre quand il était dans la rébellion".