La magistrate roumaine Laura Codruta Kovesi, l'une des favorites pour diriger le futur parquet européen, a été inculpée jeudi à Bucarest pour faits de corruption, a indiqué une source judiciaire, confirmant des informations de presse.
Pour cette magistrate considérée comme un symbole de la lutte anticorruption, mais en butte à l'hostilité du gouvernement roumain, ces poursuites pourraient compromettre une nomination au poste de procureur européen au moment où le processus de désignation touche à son terme.
"C'est une mesure pour me faire taire"
La procédure contre Laura Kovesi, cheffe du parquet roumain anticorruption jusqu'en juillet dernier, risque également d'assombrir un peu plus les relations entre les sociaux-démocrates au pouvoir à Bucarest et les responsables européens alors que la Roumanie assume jusqu'en juillet sa première présidence de l'UE. Déjà entendue à deux reprises ces dernières semaines par la justice roumaine, Laura Kovesi s'est vue notifier son inculpation lors d'une audition de six heures à Bucarest, ont rapporté les médias roumains.
A l'issue de celle-ci, elle a refusé de s'exprimer sur la procédure en vertu d'une interdiction formulée par les magistrats en charge du dossier, ce qu'elle a vivement dénoncé. "C'est une mesure pour me faire taire, pour harceler ceux qui, au sein du système judiciaire, ont fait leur travail", a-t-elle déclaré à la presse. Elle a de nouveau accusé la majorité sociale-démocrate de tout faire pour torpiller sa candidature au poste de chef du parquet européen.
Une source judiciaire a indiqué que les poursuites contre Laura Kovesi sont assorties d'une interdiction d'exercer les fonctions de magistrate. Selon plusieurs médias, un contrôle judiciaire strict lui interdisant de quitter la Roumanie a également été ordonné.