Le chef du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn fait face à un vent de fronde, accusé de ne pas avoir assez mouillé la chemise dans le référendum sur l'Union européenne, avec la démission dimanche de plusieurs responsables et le limogeage d'un autre. "C'est le cœur lourd que je vous écris pour vous annoncer ma démission", écrit Heidi Alexander, ministre de la Santé du cabinet fantôme travailliste de Jeremy Corbyn, selon une lettre publiée sur son compte Twitter. "Ceux qui seront le plus touchés par le choc économique lié à la sortie de l'UE ont besoin d'une opposition forte, tout comme ceux qui craignent la montée de l'intolérance, de la haine et de la division", explique-t-elle.
It is with a heavy heart that I have this morning resigned from the Shadow Cabinet. pic.twitter.com/amBRk30RtR
— Heidi Alexander (@heidi_mp) 26 juin 2016
Sept défections et un limogeage. Or, Heidi Alexander ne pense pas que Jeremy Corbyn puisse incarner cette opposition ou gagner les prochaines élections législatives dans le pays. C'est aussi l'opinion de Ian Murray, responsable de l'Ecosse dans le cabinet fantôme, qui a démissionné à son tour dimanche. Au total sept défections ont été enregistrées sur trente membres du cabinet fantôme et les médias britanniques s'attendent à d'autres. Dans la nuit, on apprenait que Jeremy Corbyn avait limogé Hilary Benn, ministre des Affaires étrangères du cabinet, parce qu'il remettait en cause son autorité après la décision des Britanniques de quitter l'UE.
Vers un changement à la tête du parti ? Comme le Premier ministre conservateur David Cameron, obligé de démissionner vendredi, Jeremy Corbyn a fait campagne pour rester dans l'UE. Mais du bout des lèvres seulement, estime une partie de l'appareil du parti qui lui reproche particulièrement de ne pas avoir convaincu l'électorat ouvrier du Labour, dont plus d'un tiers (37%) a voté pour le Brexit. Cette révolte des caciques du Labour contre Jeremy Corbyn n'est pas une surprise.
Partisans d'une ligne plus au centre, ils sont en embuscade depuis neuf mois pour tenter de se débarrasser de ce chantre de la gauche radicale arrivé à la tête du Labour en septembre à la surprise générale mais avec un fort soutien populaire, persuadés qu'il s'agit d'une erreur de casting. En cas de Brexit, "il y aura un coup d'Etat contre Jeremy Corbyn", avait pronostiqué jeudi Iain Begg, de la London School of Economics. Deux députées travaillistes ont prévu de déposer lundi une motion de défiance contre lui.