La députée européenne Diane James a été choisie pour remplacer Nigel Farage à la tête du parti europhobe et anti-immigration Ukip, après un vote des militants, a annoncé vendredi l'Ukip réuni en congrès à Bournemouth, sur la côte sud de l'Angleterre. Quarante mille membres du mouvement ont participé au scrutin.
Ancienne analyste financière. La députée européenne de 56 ans, actuelle vice-présidente du parti mais quasiment inconnue du grand public, devient la première femme à la tête de l'Ukip, fondé en 1993. Cette ancienne analyste financière, qui a fait une longue carrière dans le secteur de la santé, s'est engagée à veiller au respect des exigences du mouvement en matière de lutte contre l'immigration et de libéralisation de l'économie, dans le cadre de la sortie de l'UE. Nigel Farage avait démissionné quelques jours après le vote des Britanniques en faveur d'une sortie de leur pays de l'Union européenne, le 23 juin.
D'emblée, Diane James a placé la mise en oeuvre du Brexit au coeur des enjeux à venir. L'Ukip est "une machine à gagner" mais, "tant que le document officiel de sortie de l'UE n'est pas signé, nous sommes toujours dans l'Union européenne", a-t-elle averti devant des milliers de militants réunis à Bournemouth. Elle a souligné que les prochaines élections législatives de 2020 seraient également "une priorité" pour l'United Kingdom Independence Party qui est devenu la troisième force politique britannique après avoir obtenu les suffrages de 3,8 millions de Britanniques (soit 12,6%, mais un seul député) en 2015.
Farage tire sa révérence. En fin de matinée, Nigel Farage, cofondateur de l'Ukip en 1993, a fait son ultime discours en tant que chef du parti europhobe sous les vivats d'une assemblée où les cheveux gris dominaient. "Nous l'avons fait ! Nous avons fait tomber un Premier ministre, nous nous sommes débarrassés du ministre des Finances (...) et d'un commissaire européen. Nous avons gagné la guerre et nous devons maintenant gagner la paix", a-t-il dit devant une foule conquise qui agitait des affiches avec la photo de l'ancien trader et les mots : "Chef d'Etat, merci !" Il a appelé à ce que le parti soit "fort et en pleine santé" pour faire pression sur les conservateurs afin qu'ils mettent en oeuvre "un Brexit dur", sans accès au marché unique, et pour récupérer les électeurs travaillistes face à la déconfiture actuelle du Labour.
Un parti "profondément divisé". Si Diane James l'a emporté sans discussion face à cinq autres candidats, elle devra cependant convaincre qu'elle constitue mieux qu'un choix par défaut. "L'avenir de l'Ukip est incertain", a estimé Matthew Goodwin, spécialiste de l'Ukip à l'Université de Nottingham et auteur d'UKIP : Inside The Campaign. "Après le vote en faveur du Brexit, le parti s'est retrouvé profondément divisé entre différentes factions et pourrait aussi avoir des difficultés à conserver un soutien populaire dans le nouveau paysage politique face aux conservateurs" emmenés par Theresa May, dont la politique a pris un virage plus "social", a-t-il déclaré.