L'eurodéputé Nigel Farage, fervent partisan d'un Brexit sans concession, a annoncé mardi quitter le parti europhobe et anti-immigration Ukip qu'il a co-fondé et dirigé pendant près de dix ans, estimant que celui-ci ne pourrait mener le Royaume-Uni vers la sortie de l'UE. "C'est le cœur lourd que je quitte l'Ukip. Ce n'est pas le parti du Brexit dont notre nation a cruellement besoin", a écrit cet europhobe convaincu dans le journal Daily Telegraph, après avoir contribué au vote en faveur du Brexit au référendum de juin 2016.
Il critique le leader actuel. "Les Partis conservateur et travailliste ayant ouvertement rompu leurs promesses sur le référendum et les élections législatives, l'Ukip devrait se situer haut dans les sondages", a poursuivi l'ancien trader de 54 ans. "Je dois toutefois admettre avec regret que je pense maintenant que ce ne sera plus le cas", a-t-il ajouté, critiquant le positionnement antimusulmans du leader actuel, Gerard Batten, et sa volonté d'intégrer au sein de la formation une figure de l'extrême droite britannique, Tommy Robinson. "Il y a une grande place pour un parti du Brexit dans la politique britannique, elle ne sera pas remplie par l'Ukip", a-t-il conclu.
L'Ukip en perte de vitesse. Depuis le référendum sur le Brexit, l'Ukip peine à se trouver une raison d'être, affaibli par l'absence d'un leadership fort, des luttes internes et des difficultés financières. Aux élections législatives en juin 2017, la formation qui ambitionnait de devenir le premier parti d'opposition à la place des travaillistes n'a obtenu aucun siège au Parlement, avec seulement 1,8% des voix, contre 12,6% en 2015. Trop sulfureux, trop clivant, qualifié de raciste par certains, Nigel Farage a échoué pour sa part à six reprises dans ses tentatives de se faire élire député au Parlement britannique. Il se console en s'immisçant au cœur même du camp ennemi, le Parlement européen, où il siège depuis 1999 sans interruption et pourfend un système "corrompu" et "antidémocratique".