Russie : funérailles de la fille d'un idéologue nationaliste tuée dans l'explosion de sa voiture

Daria Douguina est morte samedi dans l'explosion du véhicule qu'elle conduisait.
Daria Douguina est morte samedi dans l'explosion du véhicule qu'elle conduisait. © RUSSIAN INVESTIGATIVE COMMITTEE / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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avec AFP , modifié à
Plusieurs centaines de personnes se sont réunies à Moscou pour les funérailles de Daria Douguina, fille de l'idéologue ultranationaliste proche de Vladimir Poutine Alexandre Douguine, qui soutient l'offensive en Ukraine. Elle a été tuée dans l'explosion de sa voiture, une attaque que Moscou impute à Kiev.

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies mardi à Moscou pour les funérailles de la fille d'un idéologue ultranationaliste soutenant l'offensive en Ukraine tuée dans l'explosion de sa voiture, une attaque que Moscou impute à Kiev. Daria Douguina a été tuée samedi soir dans l'explosion du véhicule qu'elle conduisait sur une route près de Moscou. Elle avait 29 ans. Journaliste et politologue, elle était la fille d'Alexandre Douguine, un idéologue et écrivain ultranationaliste promouvant une doctrine impérialiste. Comme son père, elle était farouchement partisane de l'offensive russe en Ukraine. Mardi, des centaines de personnes, notamment des proches de la famille et des responsables politiques, se sont recueillies devant le cercueil de Daria Douguina, au-dessus duquel avait été accroché un portrait d'elle souriant, a constaté l'AFP.

Pour Poutine, "un crime ignoble, cruel"

"Elle est morte au front pour la nation, pour la Russie. Le front, il est ici", a déclaré Alexandre Douguine d'une voix tremblante, les yeux cernés. Moins de 48 heures après la mort de Daria Douguina, les services de sécurité russes (FSB) ont affirmé lundi avoir conclu que l'attaque avait été préparée et menée par les services de renseignement ukrainiens. Kiev a démenti toute implication. Dans un message de condoléances, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé un "crime ignoble, cruel", qui a "mis fin prématurément à la vie de Daria Douguina, une personne brillante et talentueuse dotée d'un cœur véritablement russe".

"Parmi les premiers mots que nous lui avons enseignés, dans son enfance, il y a évidemment 'Russie', 'notre puissance', 'notre peuple', 'notre empire'", a raconté Alexandre Douguine, retenant des pleurs. Ce meurtre a créé un choc en Russie et mis à mal les efforts des autorités qui cherchent à convaincre que l'offensive en Ukraine, lancée il y a six mois, n'a aucune conséquence négative pour la population russe.

Vladimir Poutine lui a également remis à titre posthume l'Ordre du Courage, une importante décoration. Promoteur de l'"Eurasisme", une doctrine impérialiste prônant une alliance entre l'Europe et l'Asie, sous direction russe, Alexandre Douguine est visé depuis 2014 par des sanctions de l'Union européenne. Personnalité médiatique et polyglotte, il est influent dans une partie de l'extrême droite européenne. Surnommé par certains médias "le cerveau de Poutine", Alexandre Douguine est parfois présenté comme étant proche du président russe. Mais ce dernier ne l'a jamais soutenu publiquement et de nombreux observateurs relativisent son influence au Kremlin.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a quant à lui déclaré mardi qu'il n'y aura "aucune pitié" pour les meurtriers de la fille d'un idéologue nationaliste pro-Kremlin tuée dans l'explosion de sa voiture près de Moscou. "C'était un crime barbare pour lequel il ne saurait y avoir de pardon (...). Il ne peut y avoir aucune pitié pour les organisateurs, les commanditaires et les exécutants", a déclaré Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse.

 

Le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, s'est abstenu lundi de toute spéculation sur la responsabilité du meurtre. Il a condamné toute attaque contre des civils et souligné que Kiev avait rejeté toute participation.

"Puisque le meurtre d'un journaliste n'est même pas commenté sous cet angle-là, qui est pourtant si important pour les autorités américaines, alors Washington n'a aucun droit moral (...) de juger des droits humains dans le monde", a réagi mardi son homologue russe, Maria Zakharova, sur Telegram.