L'hôpital russe où a été admis l'opposant Alexeï Navalny a donné son accord vendredi soir pour son évacuation, estimant que son état était désormais "stable". 3:13
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Céline Brégand , modifié à
L'hôpital russe où a été hospitalisé Alexeï Navalny a donné son accord pour son évacuation vers l'Allemagne, estimant son état désormais "stable". Selon Cécile Vaissié, professeure en études russes, invitée d'Europe 1 vendredi, la thèse de l'empoisonnement émise par les proches de l'opposant au Kremlin, est "tout à fait crédible". 
INTERVIEW

L'hôpital russe où a été admis jeudi l'opposant Alexeï Navalny, plongé dans un comas artificiel, a donné son accord vendredi soir pour son évacuation vers l'Allemagne, estimant que son état était désormais "stable", alors qu'un avion affrété par une ONG allemande attend à l'aéroport d'Omsk. Les proches et les alliés d'Alexeï Navalny se disent depuis jeudi persuadés qu'Alexeï Navalny a été victime d'un "empoisonnement intentionnel", "avec quelque chose de mélangé à son thé". Une thèse que Cécile Vaissié, professeure en études russes, soviétiques et post-soviétiques à l'université Rennes 2, invitée d'Europe 1 vendredi, juge "très crédible". 

"Pas le premier à être victime d'empoisonnement"

"Il ne serait certainement pas le premier à être victime d'empoisonnement. On a des tas de cas, dans l'histoire soviétique d'une part avec un laboratoire du KGB qui avait été créé pour élaborer des poisons et, depuis au moins 2003 et l'élimination d'un journaliste très célèbre qui est mort dans des conditions très douteuses et dont les autorités ont refusé de rendre le corps et les analyses médicales à la famille", analyse-t-elle. 

Vendredi, les médecins soignant le principal opposant russe ont déclaré n'avoir trouvé "aucun poison" dans son organisme. "Je n'ai pas les compte-rendus des médecins. Et pour cause, il n'y a pas de compte-rendus des médecins, mais je serais ravie d'avoir l'avis des médecins de Berlin, qui sont indépendants", ajoute la professeure.

Cécile Vaissié souligne que toutes les personnes qui se trouvent à l'hôpital d'Omsk, notamment la famille de Navalny, témoignent que l'hôpital est "bourré de forces de l'ordre en tous genres, des gens du FSB [service secret de la Russie chargé des affaires de sécurité intérieure], des gens de la police...". "Quand on va dans le bureau du médecin-chef, on tombe sur trois personnes qui n'ont strictement rien à voir avec la médecine", ajoute-t-elle, laissant supposer que le Kremlin rédige les communiqués médicaux à la place des médecins. 

Le Kremlin a-t-il cédé sous la pression ?

L'hôpital d'Omsk a donné son feu vert au transport d'Alexeï Navalny en Allemagne, à la demande de sa famille. "Nous avons pris la décision de ne pas nous opposer à ce qu'il soit transporté vers un autre hôpital, celui qui nous sera désigné par ses proches", a déclaré aux journalistes Anatoli Kalinitchenko, le directeur adjoint de l'hôpital des urgences n°1 d'Omsk, vendredi. "Cela n'arrivera pas instantanément, cela arrivera aujourd'hui", a-t-il ajouté.

Pourtant, ces dernières heures, les médecins russes n'avaient cessé de s'opposer à un transfert quelconque de Navalny vers un autre hôpital, jugeant son état trop "instable", et la question "prématurée". Mais face à ce refus, la pression de la famille et des alliés d'Alexeï Navalny s'est accentuée. L'entourage d'Alexeï Navalny a ainsi saisi vendredi la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) pour obtenir des autorités russes l'autorisation de le transférer en Allemagne "pour y être soigné". "La CEDH n'a pas encore pris de décision mais a émis un document pour dire qu'elle acceptait la demande. C'est suffisamment exceptionnel pour être noté", fait remarquer Cécile Vaissié.

La spécialiste estime aussi très probable qu'Emmanuel Macron et Angela Merkel qui, jeudi, "avaient dit prendre cette histoire très au sérieux" aient agi de "façon diplomatique". Elle souligne également le rôle de la société russe, qui a exercé une "forte" pression sur Moscou. "Même des gens qui n'aiment pas Navalny se sont scandalisés" de la situation, note Cécile Vaissié.