Les autorités saoudiennes ne savent toujours pas, malgré l'arrestation des agents venus de Ryad pour l'assassiner à Istanbul, où se trouve le corps démembré du journaliste Jamal Khashoggi, affirme le ministre d'Etat saoudien aux Affaires étrangères Adel al-Jubeir dans un entretien diffusé dimanche.
Des informations attendues de la Turquie. Le 2 octobre 2018, Jamal Khashoggi, critique du régime saoudien qui écrivait notamment pour le Washington Post et résidait aux Etats-Unis, a été tué et démembré dans le consulat de son pays à Istanbul par des agents saoudiens. Sa dépouille n'a toujours pas été retrouvée. A la journaliste de la chaîne américaine CBS qui lui demande où se trouve le corps, le ministre Adel al-Jubeir répond, dans cet entretien enregistré vendredi: "Nous ne savons pas". Selon lui, le procureur saoudien chargé de ce dossier attend encore certaines informations de la Turquie.
"Nous enquêtons toujours", a avancé Adel al-Jubeir à la journaliste qui lui demandait pourquoi les agents saoudiens en détention n'avaient pas pu dire où se trouvait le corps. Selon le New York Times, jeudi, le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed Ben Salmane avait affirmé en 2017 qu'il irait jusqu'à utiliser "une balle" contre le journaliste Jamal Khashoggi si ce dernier ne cessait pas ses critiques contre le royaume. "Je ne ferai pas de commentaires sur des informations basées sur des sources anonymes", a répliqué Adel al-Jubeir sur CBS. "Le prince héritier, nous le savons, n'a pas donné l'ordre de faire cela. Il ne s'agissait pas d'une opération approuvée par le gouvernement".
L'administration Trump préserve toujours l'alliance. Vendredi, le président américain Donald Trump avait ignoré l'appel du Congrès américain à se prononcer sur le rôle dans cet assassinat du prince Mohammed Ben Salmane, surnommé "MBS". L'administration Trump fait tout, depuis que cette affaire a profondément terni l'image des dirigeants saoudiens, pour préserver une alliance jugée incontournable. Elle affirme ne pas disposer de preuve irréfutable de l'implication directe du prince saoudien, et souligne avoir déjà sanctionné mi-novembre 17 Saoudiens.
Après avoir été informé à l'automne, en commission à huis clos, des conclusions de la CIA, le Sénat américain, pourtant contrôlé par le camp républicain du président, a déjà unanimement adopté une résolution jugeant le prince héritier "responsable" du meurtre. Et des sénateurs des deux bords politiques ont présenté jeudi une proposition de loi pour interdire notamment certaines ventes d'armes à l'Arabie saoudite.