Un forum international sur l'investissement, marqué par des désistements en cascade de dirigeants étrangers et chefs d'entreprises, s'ouvre mardi à Ryad en pleine tourmente liée au meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
Des enjeux économiques occultés par une affaire de meurtre. Future Investment Initiative (FII), qui débute à 8 heures (heure française) et dure jusqu'à jeudi, avait pour but de projeter comme une destination commerciale lucrative le royaume pétrolier historiquement fermé et qui cherche à diversifier son économie et s'ouvrir aux nouvelles technologies, au tourisme et au divertissement.
Mais cette conférence est aujourd'hui totalement éclipsée par le tollé international consécutif au meurtre du critique et journaliste saoudien qui collaborait avec le Washington Post, au consulat de son pays à Istanbul. Après avoir soutenu que Jamal Khashoggi était ressorti vivant du consulat le 2 octobre, l'Arabie saoudite a fini par reconnaître qu'il avait été tué dans sa mission diplomatique, mais nié toute implication du prince héritier Mohammed ben Salmane, considéré comme l'homme fort du royaume.
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De nombreux désistements. Cette année, l'initiative surnommée le "Davos du désert" par des médias, a vu la liste de ses participants se réduire au fur et à mesure des révélations macabres dans l'affaire Khashoggi. Outre le ministre américain au Trésor, la patronne du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, ainsi qu'une vingtaine de PDG de sociétés internationales comme EDF, HSBC, Siemens ou Uber, ont renoncé à faire le déplacement.
Un site Internet hacké ? Lundi soir, le site web du forum était hors-service, après avoir subi une apparente cyberattaque. Des messages critiquant le rôle de Ryad dans le conflit au Yémen et accusant le royaume de financer le "terrorisme" s'y étaient glissés. Avant cet incident, les organisateurs avaient toutefois retiré du site une liste d'orateurs au forum et refusé de confirmer le nombre de participants à l'événement.
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Les circonstances de la mort du journaliste restent encore à éclaircir. Après avoir qualifié la version saoudienne de crédible, le président américain Donald Trump, sous pression aux États-Unis pour agir contre l'allié saoudien, a changé de ton dimanche en parlant de "mensonges" saoudiens et lundi en se disant "pas satisfait" des explications de Ryad. "Nous en saurons très bientôt" davantage, a-t-il dit.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a en effet promis de révéler ce jour "toute la vérité" sur l'affaire Khashoggi. "Rien ne resterait secret" et les enquêteurs turcs iront "au fond de cette affaire", a affirmé la présidence turque. Car beaucoup de questions restent sans réponse et de nombreux pays occidentaux ont jugé les explications de Ryad peu convaincantes et exigé des "éclaircissements".