"Il n'y a pas deux pays qui ont autant en commun" que la France et l'Italie. Mais, "malheureusement", la France a eu raison de rappeler son ambassadeur en Italie, selon Sandro Gozi, ancien ministre italien des Affaires européennes. "C'est malheureux que les relations entre la France et l'Italie se soient tant dégradées" mais "je comprends la réaction française", a-t-il confié au micro de Bernard Poirette sur Europe 1.
"En Italie, on les a au gouvernement les 'gilets jaunes'." "Le vice-président du Conseil italien ne peut pas franchir de ligne rouge comme il l'a fait en arrivant comme un clandestin en France", a-t-il jugé au sujet de la rencontre entre Luigi Di Maio et des "gilets jaunes", mardi en France. Une rencontre qualifiée de "provocation inacceptable" par l'exécutif français et qui est à l'origine de cette crise diplomatique. "En Italie, on les a au gouvernement les 'gilets jaunes'", lâche l'ancien ministre italien sur le ton de la plaisanterie.
"Tous les nationalistes ont besoin d'un ennemi extérieur et les nationalistes italiens ont bien vu en Emmanuel Macron leur ennemi extérieur. On a besoin d'un ennemi extérieur pour cacher ses échecs à l'intérieur. L’Italie va mal donc ils ont besoin des armes de distraction de masse", ajoute-t-il.
"Ce gouvernement italien se trompe chaque jour d'alliance." Matteo Salvini et Luigi Di Maio "ne sont d’accord sur rien en politique intérieure et ils s’accordent pour ouvrir un conflit verbal, j’espère seulement verbal, avec un voisin important comme la France", analyse Sandro Gozi. Et d'après lui, le choix de l'ennemi est "absolument insensé". "Salvini ouvre des conflits avec la France, l'Espagne et Malte" d'un côté, et "fait des alliances en Europe avec ceux qui n'ont jamais reçu un seul migrant d'Italie, la Hongrie et la Pologne", de l'autre.
"Ça nuit aux intérêts nationaux italiens. Ce gouvernement italien se trompe chaque jour d'alliance. Sur la scène européenne, on ouvre des conflits avec lesquels on a des intérêts communs et on veut s’allier avec des pays qui ont des intérêts qui sont aux antipodes de ceux de l’Italie", juge Sandro Gozi.
"L’Italie, ce n’est pas seulement Matteo Salvini, ce n’est pas seulement Luigi Di Maio." Il tient malgré tout à rappeler "qu'il y a une autre Italie" : "L’Italie, ce n’est pas seulement Matteo Salvini, ce n’est pas seulement Luigi Di Maio." Et cette "autre Italie", explique-t-il, "a bien conscience de l’importance de l’amitié, de l’histoire commune et du destin commun entre la France et l’Italie". "Nous devons faire gagner cette Italie-là."
Mais Sandro Gozi estime qu'une éventuelle sortie de crise "va prendre du temps parce que l’actuel gouvernement italien a montré qu’il n’a pas conscience de l’importance des relations" avec la France. "La meilleure chose, c’est de les battre aux prochaines élections et faire revenir au gouvernement en Italie, des personnes qui ont bien conscience" de cela.