Cinq jours après le puissant séisme qui a frappé le Maroc, des villageois des zones montagneuses du Haut-Atlas sont livrés à eux-mêmes, démunis face à l'ampleur des destructions et une aide qui tarde à arriver. Les forces étrangères sont venues à la rescousse, mais peut-être trop tard. Dans le village de Tinmel, une centaine d'habitants a dû agir en l'absence des secours.
"On ne pouvait pas les laisser mourir"
"J'habitais dans cette maison avec mon père, ma mère et mon grand frère qui est mort." La maison de Fatima se trouve juste au bout de cette ruelle. Il ne reste désormais qu'une porte bleue écaillée, derrière les poteaux électriques écroulés. "C'est nous, les survivants, qui avons dû sortir les gens des décombres, avec mon père et mon cousin, de nos propres mains. J'ai dû rassurer mon père et ma mère inconsolables", raconte-t-elle.
Devant la maison de ses voisins, une forte odeur de putréfaction s'échappe. Plus loin, sur la place centrale, quelques tentes bleues au beau milieu du néant. Abdellah fixe la fosse commune en contrebas. "On aurait bien aimé avoir de l'aide plus tôt. Le séisme nous a pris par surprise, la route était bloquée et les gens criaient à l'aide en dessous des décombres. On ne pouvait pas attendre l'arrivée des secours et les laisser mourir", explique-t-il.
Au-dessus des quelques pierres qu'il reste du minaret, les hélicoptères de reconnaissance patrouillent, mais il est trop tard, le hameau déplore déjà 15 victimes.