Fidel Castro est mort dans la nuit de vendredi à samedi à La Havane à l'âge de 90 ans. Personne emblématique, le père de la nation cubaine avait laissé les rênes du pouvoir à son frère Raul au milieu des années 2000. Serge Raffy, éditorialiste à L'Obs et biographe du révolutionnaire cubain, était l'invité de C'est arrivé cette semaine.
"Un ensorceleur". D'emblée, le journaliste évoque ce qu'il considère comme ce qui était la force de Fidel Castro : "C'était un charmeur, un envoûteur, un ensorceleur. Quand il prenait quelqu'un dans ses bras, ça devenait sa chose. Ce n'était pas du tout un geste d'affection mais de prise de possession. Pour comprendre Fidel Castro, il faut savoir que son père était un grand propriétaire terrien du sud de Cuba. A l'époque, il travaillait avec des esclaves haïtiens. Il s'emparait des gens parce que c'était à lui, comme Fidel Castro s'est emparé de Cuba et Cuba est devenu sa chose, sa propriété personnelle."
"Un avocat". Mais ce n'est plus cet homme qui est mort dans la nuit, rappelle le journaliste. "Il ne tirait plus aucune ficelle. Raul Castro, depuis dix ans, a réellement pris le pouvoir à Cuba. On l'a bien vu avec le rapprochement organisé par Raul avec Barack Obama." Il n'apparaissait plus guère ces dernières années que comme un vieillard en survêtement. Mais lors de ces cinq décennies de pouvoir, Serge Raffy avait noté plusieurs facettes. "Il y a le personnage romantique, il y a l'avocat, un homme de la rhétorique, du verbe, il aimait ça."
"Un ogre". Il était aussi le contemporain de Kennedy, de Gaulle, Mao, Staline. C'est l'illustration que "la mort de Fidel Castro, c'est la page du XXe siècle qui se tourne définitivement. Castro était le petit poucet. Cuba, économiquement, militairement, ça ne représente rien et il a réussi ce tour de force d'apparaître comme l'égal de tous ces personnages historiques. Il a fait croire à son peuple et à la terre entière qu'il était en train de mener une révolution socialiste qui allait rendre la terre aux paysans. La réalité, c'est qu'il a militarisé le pays. L'armée est restée au pouvoir. C'était une vraie dictature militaire, habile, avec un maillage social fort."
Ce qui restera de lui ? L'image d'un "ogre. Les ogres sont des personnages qu'on déteste mais en même temps qui nous fascinent et qui restent." Ce qui explique, selon le journaliste que des chefs d'Etats, dont François Hollande, n'aient pas résisté à faire une photo aux côtés de l'ancien leader cubain.
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