C'était un sommet particulièrement attendu dans les sphères diplomatiques internationales. Ce déplacement de Xi Jinping à San Francisco a permis au président chinois et à son homologue américain Joe Biden de renouer un dialogue devenu très difficile et grippé par une montagne de désaccords.
Joe Biden a d'ailleurs salué un sommet "constructif et productif" qui débouchera sur une reprise des communications militaires de haut niveau, suspendues depuis près d'un an. Des avancées notables, mais aucune résolution concrète des points d'achoppements qui opposent les deux camps. À commencer par la question du fentanyl, cette drogue de synthèse, 50 fois plus puissante que l'héroïne, directement responsable de 110.000 overdoses aux États-Unis en 2022.
"La Chine demeure la principale source de fentanyl"
Xi Jinping a assuré que la Chine "[compatissait] profondément avec les Américains, en particulier les jeunes, pour les souffrances que le fentanyl leur a infligées". Il faut dire que les autorités américaines pointent du doigt les responsabilités de Pékin dans ces décès liés à la drogue. Pour la simple raison que les molécules utilisées pour fabriquer le fentanyl proviennent de l'Empire du milieu.
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"À l’heure actuelle, la Chine demeure la principale source de fentanyl et de substances liées au fentanyl faisant l’objet d’un trafic dans le cadre du courrier international et des opérations de consignation express, ainsi que la principale source de toutes les substances liées au fentanyl faisant l’objet d’un trafic aux États-Unis", confirmait ainsi la DEA, la brigade anti-drogue américaine, dans un rapport de 2020, déclassifié depuis. Ces composants voyagent ensuite jusqu'au Mexique où elles tombent entre les mains des narcotrafiquants séduits par ce produit plus facile à élaborer que la cocaïne.
En juin dernier, quatre entreprises chinoises ont ainsi été inculpées pour avoir vendu, à des cartels mexicains, des produits chimiques essentiels à la production de fentanyl. "Ces entreprises et individus auraient sciemment fourni aux trafiquants de drogue, aux États-Unis et au Mexique, les ingrédients et le savoir-faire scientifique nécessaires à la fabrication du fentanyl", avait notamment dénoncé Anne Milgram, administratrice de la DEA. L'agence anti-drogue avait alors saisi plus de 200 kg de précurseurs chimiques, suffisant pour fabriquer 50kg de fentanyl, peut-on lire dans un article du Washington Post.
Des mesures promises par Xi Jinping
Les autorités américaines avaient déjà, par le passé, sanctionné de la sorte des entreprises chinoises pour les mêmes motifs, mais sans parvenir à des réelles avancées. Washington accuse régulièrement Pékin de fermer les yeux et de ne pas suffisamment agir pour enrayer ce trafic d'opioïdes. En juin dernier, le ministère chinois des Affaires étrangères dénonçait d'ailleurs avec fermeté une "détention arbitraire" et des "sanctions unilatérales" qui "sapent profondément l’établissement d’une coopération antidrogue entre la Chine et les États-Unis".
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Ce mercredi, Xi Jinping s'est montré plus coopératif et a accepté, selon Washington, "un certain nombre de mesures conséquentes pour réduire considérablement les approvisionnements", en composants de fentanyl. Une annonce qui pourrait offrir un peu de répit à Joe Biden, en campagne pour sa réélection l'année prochaine, et régulièrement épinglé pour sa lutte, jugée insuffisante, contre les trafics de stupéfiants.