Les dirigeants européens et africains se sont retrouvés jeudi à Bruxelles au premier jour d'un sommet UE-Union africaine destiné à "réinventer" leur partenariat et affronter des défis communs, quelques heures après l'officialisation par la France et ses alliés de leur retrait du Mali. Une nouvelle politique de sécurité est notamment à l’ordre du jour de ce sommet. Notre envoyé spécial sur place décrypte les attentes de l'Union Africaine envers l'Europe, et plus particulièrement de la France.
D'abord, les dirigeants africains attendent la stabilité et la sécurité face à la menace djihadiste, qui s’étend désormais vers les pays côtiers. Les coups d’Etat se sont multipliés dans la région, au Mali, en Guinée et en début d’année au Burkina Fasso. Même Macky Sall, le puissant président sénégalais qui a perdu Dakar aux dernières élections locales, mesure la fragilité des démocraties africaines et appelle à une nouvelle alliance avec l’Europe. "Cette Afrique en pleine mutation veut des partenariats consensuels et mutuellement bénéfiques, sans injonction civilisationnelle, sans exclusion ni exclusivité", a-t-il déclaré.
Ménager les sensibilités des populations africaines
Les dirigeants ouest-africains ont besoin de l’appui de la France pour tenir en joue les groupes armés. Tout en ménageant les sensibilités parfois explosives de leurs populations face à une présence occidentale de plus en plus contestée. Ce sera d’ailleurs une des clés de réussite du redéploiement de l’armée française dans la région.
"Il faut faire profil bas pour ne pas créer de frictions", reconnaît-on à Paris. Autrement dit apporter la sécurité sans montrer les muscles. Un jeu d’équilibriste pour Emmanuel Macron venu dans la capitale européenne, selon son entourage, pour "changer les mots, les attitudes et les relations" avec les Africains.