Cinq jours après les incendies qui ont ravagé le camp de Moria sur l'île de Lesbos en Grèce, près de 12.000 personnes sont en situation de précarité absolue. Dans le plus grand camp de demandeurs d'asile du monde, qui abritait 4.000 enfants, les réfugiés dorment dehors, souvent sans manger, sans soins médicaux. Face à l'urgence, le gouvernement grec, qui multiplie les appels à l'aide en direction de l'Union européenne, a installé un camp provisoire à proximité de l'ancien. Une solution qui ne satisfait ni les exilés, ni les locaux, dans l'impasse.
Un camp aux allures de prison
Le nouveau camp se situe autour d'une ancienne base militaire entourée de barbelés, au bord de la mer. Ici, il n'y a pas de cabanes de fortune mais des centaines de tentes blanches alignées, tandis que des soldats veillent au grain. Les réfugiés ne se bousculent pas pour s'y installer. "Moi, avec ma famille, je préfère mourir à l'extérieur", confie Dadi, Congolais. "C'est un camp fermé, comme une prison. Nous ne sommes pas des criminels. Si vous rentrez là-bas, il n'y a pas de sortie".
Des milliers de réfugiés sont toujours entassés sur la route. La promesse de vivre dans des conditions plus digne ne les fera pas changer d'avis : la plupart veulent quitter l'île. "Ce sera pareil qu'avant ! Je ne suis pas venue ici pour rester en Grèce", implore Samira, jeune Afghane. "Je veux aller en Allemagne, j'ai de la famille là-bas ! Je veux juste ma liberté, être libre, s'il vous plait ! Laissez-moi sortir !"
"Ce n'est pas la solution"
Depuis le port de plaisance de la ville, les habitants scrutent, impuissants, le déplacement des réfugiés vers ce nouveau camp. "Ce n'est pas la solution", regrette Anna. "Construire un camp comme ça, ça ne va pas marché ! Les réfugiés veulent partir, trouver un travail, une maison ! Et nous, les locaux, nous voulons être en sécurité, retrouver notre vie d'avant. C'est dangereux, et pour tout le monde !" Elle en est sûre, les exilés ont brûlé l'ancien camp et "ils feront sans doute pareil avec le nouveau".