Syrie : début des opérations pour isoler Raqqa, avant un assaut ultérieur

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avec AFP , modifié à
Jean-Yves Le Drian s'est dit convaincu, dimanche dans le Grand Rendez-vous d'Europe1, qu'il fallait lancer une offensive sur la ville de Raqqa. C'est désormais chose faite. 

Dimanche, Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, l'a assuré sur Europe 1 : "la bataille de Raqqa doit avoir lieu". Il a été entendu, et certainement plus vite qu'il ne le pensait. La force arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis a en effet annoncé avoir lancé dimanche une offensive pour reprendre la ville de Raqqa, capitale de facto du groupe ultraradical État islamique (EI) en Syrie.

Les principales informations à retenir : 

  • La force arabo-kurde soutenue par les États-Unis s'est lancé à la conquête de la ville, fief syrien de l'EI.
  • L'offensive, baptisée "Colère de l'Euphrate", mobilise 30.000 hommes.
  • La Turquie a été écartée de la bataille mais Washington reste en "contact étroit" avec Ankara.

30.000 hommes mobilisés. "La grande bataille pour la libération de Raqqa et de sa province a commencé", a annoncé une commandante des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui lisait un communiqué dans la ville d'Aïn Issa, située à plus de 50 km au nord de Raqqa, aux mains de l'EI depuis deux ans et demi. L'offensive, baptisée "Colère de l'Euphrate" et mobilisant 30.000 hommes, a débuté sur le terrain samedi soir.

"En coordination avec la coalition internationale". "Raqqa sera libéré grâce à ses fils et ses factions arabes, kurdes et turkmènes, des héros combattant sous la bannière des Forces démocratiques syriennes (FDS), avec la participation active des Unités de protection du peuple kurde (YPG) (...) en coordination avec la coalition internationale" dirigée par les États-Unis, d'après le communiqué. Cette annonce très attendue intervient au moment où une opération est en cours pour déloger l'EI de son bastion de Mossoul en Irak. Mossoul et Raqqa sont les deux dernières grandes villes encore contrôlées par l'EI, qui a perdu une grande partie des territoires que ce groupe ultraradical sunnite avait conquis en 2014 en Syrie et en Irak.

Une opération en deux étapes. Selon les responsables américains, l'opération lancée dimanche va se concentrer d'abord sur l'encerclement ou "l'enveloppement" de la ville. "La première phase sera d'isoler Raqqa" en coupant les principaux axes de communication de la ville avec l'extérieur, a ainsi indiqué le Centcom, le commandement des forces américaines au Moyen-Orient. Et les modalités du déroulement des phases suivantes, et notamment de l'assaut lui-même sur la ville, restent encore à déterminer.

"La bataille ne sera pas facile". À Raqqa, où les djihadistes sont implantés au sein de la population, "la bataille ne sera pas facile", s'accordent à dire le ministre américain à la Défense, Ashton Carter, et Talal Sello, porte-parole des FDS basé à Hassaké, dans le nord-est de la Syrie. "L'EI défendra son bastion car il sait que la perte de Raqqa signifie sa fin en Syrie", a prévenu ce dernier.

La Turquie écartée. Par ailleurs, la coalition arabo-kurde a indiqué s'être entendue avec les États-Unis pour écarter la Turquie de l'offensive. "Les FDS se sont mises d'accord de manière définitive avec la coalition internationale (dirigée par Washington) pour qu'il n'y ait aucun rôle turc ou des rebelles qui leur sont alliés", a affirmé Talal Sello. Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait pourtant déclaré le 27 octobre que les opérations militaires menées par la Turquie dans le nord de la Syrie allaient s'étendre à Raqqa.

"Nous sommes en contact étroit (...) avec nos alliés turcs", a cependant affirmé l'émissaire américain auprès de la coalition internationale anti-EI, ajoutant que les États-Unis veulent que l'offensive sur Raqqa soit "la plus coordonnée possible".